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Le Dragon Rally

Été 2024, nous sommes tranquillement installés à l’apéro en plein cagnard quand Manu nous dit : « hé les gars, l’hiver prochain on irait pas passer 15 jours dans le froid en moto, pour aller camper au pays de Galles ? Il y a l’hivernale du Dragon Rally, ça à l’air cool ! »

Partir au Pays de Galles en février, et prendre la pluie et la neige tous les jours ? Forcément le projet n’attire pas les couteaux les plus affutés du tiroir, et un groupe de 5 pieds nickelés se met en place. Manu, donc, l’instigateur du projet avec sa Bmw Nine-T « trailifiée », Fredo le doyen en 1200 XTZ, Simon le mécano en Moto Guzzi Norge,  Matth en R1200RS et moi-même avec l’éternelle Super Ténéré.

 

 

 

 

Vendredi 31 janvier 2025, l’essentiel de la troupe se retrouve à Vichy pour une première halte avant la grande traversée autoroutière vers la Manche. Nous avons tous pris la route en fin de journée, après le boulot, pour s’avancer de plusieurs heures de route. Il fait froid, humide, et on se dit que cela va être comme ça pendant 15 jours d’affilé. Le moral pourrait-il flancher ? Pas du tout. Nous sommes confortablement assis devant la télé, les yeux rivés sur le match du tournois des 6 Nations « France-Pays de Galles » et les frenchies infligent au XV du Poireau un monumental 43 à 0 ! C’est donc avec un mental de vainqueur que nous partons à l’assaut du Pays de Galles !

Dès la première étape nous sommes satisfaits d’avoir fait le choix de partir avec des routières accomplies. La Normandie n’est pas la porte à côté, à la louche 900 kms depuis notre sud de la France, et nous n’avons pas prévu de faire du tourisme en chemin. Bien calés derrière nos carénages nous avalons les 600 kms restant jusqu’à la Manche comme si de rien n’était, une anecdote, une vulgaire liaison. Une fois arrivés à Douvres nous récupérons le dernier camarade, Manu, qui nous vient de Bordeaux en solitaire. Pour la traversée nous avons choisi l’option de Ouistreham, qui est un peu plus près pour nous les sudistes, mais avant d’embarquer nous allons profiter d’être en Normandie pour découvrir les sites historiques du D-Day. Tant qu’à être sur place ça serait dommage de manquer ça !

Départ à la fraiche le matin, on file à bonne allure à travers le bocage normand jusqu’à ce que tout à coup, sans prévenir, Manu nous régale d’une figure de style que même Philippe Candeloro n’aurait pas tenté ! On avait presque oublié qu’on était en hiver… et que l’hiver ça gèle !

 

 

 

Heureusement la vrille fut sans conséquence, une chute sans casse, la moto n’a rien et nous avons sauvé la bouteille de « ricassou ». Manu a juste gagné le droit de se faire chambrer pour le reste de la journée !

Instant recueillement sur la plage d’Omaha, puis au cimetière américain… On a beau faire les idiots sur la route, ça n’empêche pas le devoir de mémoire.

 

 

Puis nous passerons l’après-midi à arpenter l’immense mémorial de Caen, sorte de méga musée regroupant toutes les informations sur le D-Day (bien sûr), mais aussi sur la seconde guerre mondiale en général et même sur la guerre froide !

 

 

 

 

Heureusement que le musée est gigantesque car notre embarquement doit avoir lieu à… Minuit ! Donc on prend bien le temps de visiter, puis de rallier Ouistreham et de découvrir chaque recoins de la gare maritime… 23h, on nous laisse enfin monter à bord et prendre possession de notre cabine. Oui on fait les « bourgeois » pour ce voyage, pour une fois on va essayer de débarquer d’un ferry après avoir passé une vraie nuit de sommeil !

 

 

 

Enfin… Une vraie nuit de sommeil… à 5 dans une cabine de 4 on a fait comme on a pu ! L’arrivée à 7h00 du matin, à Portsmouth, pique un peu. Les yeux sont encore collés par le sommeil et pourtant il faut les avoir bien ouverts pour s’adapter à la conduite à gauche ! Heureusement qu’à cette heure-ci la circulation est limitée, et l’itinéraire nous emmène très rapidement dans la campagne anglaise. De toutes petites routes entre les champs, bordées de haies et absolument désertes, nous emmènent à Winchester sans encombres. Notre D-day c’est bien passé, la troupe peut profiter d’un breakfast bien mérité !

 

 

Bienvenue en Angleterre, la météo fait honneur à sa réputation. Pluie et brouillard au programme, on est tout de suite mis dans l’ambiance ! Si nos tenues ne sont pas étanches… On sera tout de suite fixé. Malgré tout on progresse assez vite à travers la campagne anglaise, tout est détrempé mais leur bitume accroche super bien. La figure acrobatique de Manu la veille nous a suffit, on aimerai tous rester sur nos 2 roues pour le reste du voyage… Si possible.

 

 

 

En bon français nous tentons d’accéder à Stonehenge sans payer. J’avais repéré quelques chemins de traverses pour voir le site sans passer par l’accès payant mais… Tout est désormais interdit, bloqué, verrouillé… Obligé de passer par l’entrée du musée mais là, franchement, on est vite découragé. Il faut débourser environ 30€ pour avoir le droit de voir les mégalithes, et franchement… cela nous parait hors de prix ! On choisi donc de se rabattre sur le site d’Avebury, gratuit, au soleil, avec un pub juste devant les cailloux pour apprécier notre première bière anglaise… C’est vraiment tout ce que l’on demandait !

 

 

Pour notre première nuit sur place nous avons préféré assurer le coup avant le départ, on savait que la fatigue se ferait sentir après la traversée de la France par l’autoroute et la nuit dans le bateau… Du coup nous avions réservé une chambre d’hôtel avant de partir. Un charmant petit pub, en pleine brousse au sud de Gloucester, qui propose des chambres décorées à l’ancienne, une partie restaurant et même une étrange piste de bowling dans l’arrière salle ! De quoi passer une super soirée, à s’imprégner de l’ambiance avec les paysans locaux venus participer à un concours de skittle.

 

Le Skittle, bowling traditionnel des pubs britanniques et irlandais

 

 

Départ toujours sous la pluie pour notre deuxième jour en Grande-Bretagne… Heureusement que dieu créa l’English Breakfast pour que l’on ait la force de supporter ça !

 

 

 

14 saucisses, 25 oeufs et 4l d’huile plus tard… Nous sommes enfin sur le pont pour repartir. Nous entrons officiellement au Pays de Galles, avec toujours de la pluie et du brouillard au menu… Mais est ce que ce n’est pas comme ça que l’on apprécie certains paysages ? Comme ici l’Abbaye en ruine de Tintern, avec son air sinistre et mystérieux…

 

 

 

 

La pluie finira par nous lâcher un peu la grappe vers les Brecon Beacons, premier massif de montagnes sur notre route et début du vrai dépaysement. On était venu chercher du paysage à la « highlanders », de la micro route à moutons et des murets de pierres qui se perdent dans les collines… On est servi ! Et puis quelle lumière pour en profiter…

 

 

Le seul bémol… C’est que dans ces paysages il parait bien difficile de bivouaquer ! Aucun chemin ou route forestière n’est accessible, il semble impossible de s’éloigner du bitume pour planter la toile de tente à l’abri. Soit une barrière nous en bloque l’accès, soit un panneau… Tout est verrouillé et ça ne fait pas nos affaires !

Il n’y a pas de plan B, on avait prévu d’improviser… Et ce sont des choses qui arrivent quand on improvise. Il se fait tard, aucun camping dans les environs ne semble ouvert (en même temps on est en février), la nuit tombe… Nous réservons donc le seul gite disponible aux alentours… Et quel gite !

Un peu à l’écart d’un village, nous arrivons dans une grande cour avec plusieurs bâtiments. Au premier abord cela ne fait pas du tout gite ou chambre d’hôtes…  Le propriétaire (un type louche) nous accueille et nous montre nos 2 chambres avant de nous abandonner à notre sort. L’ambiance est glauque, lugubre, mais ce n’est pas comme si on avait le choix. Les chambres sentent le shit, la literie est à peine propre… On s’installe et on fait le tour des parties communes. Tout est en bordel, la déco est improbable avec une statue d’indien, des inspirations égyptiennes un peu partout et des affiches pour des séances de massages pseudo spirituelles vraiment douteuses… Bonne ambiance.

On continue la visite par les sanitaires. Les douches sont condamnées, la moitié des toilettes inutilisables… Et il y a même une merde de chien sur le sol ! Impeccable. La partie réfectoire ? C’est du même niveau. Une odeur de renfermé vraiment désagréable, les équipements de la cuisine commune sont ultra vétustes et un type bizarre genre « punk à chien » mange au milieu du désordre. On se croirait dans un film, ou un docu Netflix sur un serial killer. Heureusement que dans le village il y a un pub qui fait restaurant, car là on a n’y l’envie d’attraper le tétanos, ni de taper la discute avec des junkies gallois !

 

 

Finalement la nuit se sera bien passée. Déja parce que le pub du village nous a permis de passer une soirée normale, et puis la fatigue nous aura fait dormir à poings fermés malgré le contexte !

Nous sommes quand même heureux de quitter ce gite de l’enfer sans maladies ni puces de lit !

 

 

Le départ est glacial mais sous un magnifique soleil. Et les routes des Brecon Beacons sont justes incroyables… C’est vraiment ce qu’on était venu chercher ici, au Pays de Galles !

 

 

 

Les routes sont viroleuses à souhait, les paysages sont fous… C’est même compliqué de résister à la tentation de s’arrêter toutes les 5 minutes pour prendre des photos !

 

 

Le pays de Galles est tout de même un petit territoire, et chaque région est vite traversée. On a pas eu le temps de voir que l’on était sorti des Brecon Beacons que l’on se retrouve déjà face à la mer ! Nous arrivons au chateau de Laugharne, spot parfait pour casser la croute… Avant de se casser la rétine sur la côte du Pembrokeshire !

 

 

Le Pembrokeshire est un parc national qui forme la pointe sud-est du Pays de Galles. On y trouve de belles criques, de toutes petites routes encaissées où on croise difficilement les voitures, des villages de pêcheurs typiques… C’est un sacré coup de cœur pour nous ! La lumière sur la côte est magnifique, et pour un mois de février on est clairement chanceux ! Les statistiques météo étaient pourtant sans appel : 100% de probabilité de pluie au Pays de Galles tous les jours du mois. Contre toute attente on bénéficie d’un temps très clément, avec de très rares averses et une belle lumière la plupart du temps, et surtout des températures plus que douces pour l’hiver !

 

 

 

Nous arrivons dans les environs de Pembroke. Tous les guides touristiques et blogs de voyageurs parlent du fameux « Green Bridge of Wales », c’est apparemment incontournable, obligatoire pour qui voyage dans la région. Pour accéder au site les routes sont vraiment minuscules, encaissées sous des haies et des champs. Avec souvent très peu de visibilité, il parait bien compliqué de croiser une voiture… Heureusement que l’endroit est relativement déserte, le seul truc que l’on croise c’est une zone militaire avec des baraquements et des véhicules stationnés à l’entrée.

On continue, le GPS me dit de tourner à gauche dans 0,3 miles, on se prépare à prendre l’intersection… Mince c’est fermé ! Une drôle de barrière nous bloque la route, on descend des motos pour lire les panneaux quand soudain une rafale de mitrailleuse nous fait tous sursauter ! On est tout près du pas de tir !!!

On est mort de rire, la scène est surréaliste. Les blindés sont justes au bout du champ, à côté de nous, et tirent des rafales de gros calibres sur des cibles posées littéralement sur la route qui mène au Green Bridge ! Et la seule chose qui nous évite de servir de cibles mobiles c’est cette barrière qui ne doit pas faire plus d’1m de haut, et que n’importe qui pourrait enjamber pour aller se promener… Vraiment au Pays de Galles on compte sur le civisme des gens !

Puis notre sauveur arrive, dans un pick-up civil. Il nous informe que la manœuvre est terminée et qu’il vient ouvrir la barrière. La route est libre, et sans risque de se faire tirer dessus ! Curieux, il nous demande d’où l’on vient et on lui répond que l’on est français… Là il se ravise avec un sourire en coin, et nous dit que pour nous ça restera fermé. La déculottée subit par le XV gallois face à la France il y a quelques jours n’est visiblement pas digérée ! Bien sûr tout ça n’est qu’humour, on se chambre mutuellement sur le dernier match de rugby et on se souhaite bonne chance pour les suivant, avant de reprendre la route vers le fameux Green Bridge. Et là…. Wow !!

On arrive au bord de falaises impressionnantes, avec la plus belle lumière possible et le site pour nous tout seul ! La vue est à couper le souffle, plus personne ne parle, on admire tous le coucher du soleil qui fait rougir les rochers… Le Green Bridge est effectivement incontournable au Pays de Galles !

 

 

 

 

Le soleil fini par disparaitre à l’horizon et nous pousse à reprendre notre chemin. Direction Milford Haven où nous avons réservé une petite maison, cette fois-ci choisie avec soin. Pas question de redormir dans un squat qui sent le shit avec des punks à chiens dégueux dans les couloirs ! Là c’est une jolie petite maison, très propre, où on va pouvoir prendre une douche sans attraper de mycose, mais aussi cuisiner… Parce que la cuisine de pub c’est bon, mais les légumes ça fait pas de mal non plus !

Départ à la fraiche le lendemain pour notre 6eme jour de route et… Je me casse la gueule dans le village en tentant un demi-tour impossible dans une rue en pente. On en est à 2 gaufres pour 6 jours de route à 5 motards… Soit une moyenne basse pour un voyage chez « Vie de motard » ! L’objectif du jour est de finir de longer la péninsule du Pembrokeshire pour ensuite retourner dans les montagnes vers la Elan Valley. On surfe toujours sur notre chance incroyable au niveau météo, pas un nuage à l’horizon et les points de vue sur l’océan sont tous sublimes. On croise d’ailleurs 2 gentlemen anglais venu profiter du beau temps en moto, on apprécie le paysage ensemble en parlant bécane et voyage avant de reprendre nos routes.

 

 

L’arrivée au phare de Strumble Head est vraiment l’idée qu’on se faisait de la côte galloise et ce qu’on voulait y voir. Une micro route bordée de pâturages avec des moutons, des rochers taillés à la serpe qui se jettent dans l’océan et la force tranquille de la nature qui plonge le paysage dans une sérénité qui semble inébranlable. Manu me dirait que « c’est essentiel d’être poète quand on est motard », je crois qu’il n’a pas tout à fait tort.

 

 

On profite de ce soleil éclatant pour manger un fish and chips en bord de mer (la diététique, toujours), avant de quitter la côte et repartir dans les terres. Tyncelyn, Tregaron,… La route devient de plus en plus petite et les degrés chutent au fur et à mesure que l’on prend de l’altitude. Clairement la douceur de l’océan ne se fait plus sentir ! On en aurait presque oublié qu’on roulait en hiver, mais les premières glissades sur le verglas nous ramènent vite à la réalité. Nous sommes le 6 février, à des latitudes nettement plus élevées que notre sud de la France, il s’agirait d’être vigilant au guidon pour ne pas finir dans le fossé !

Le paysage est désertique, un plateau pelé et balayé par les vents à perte de vue. Les derniers rayons du soleil nous offrent une sublime lumière pour faire quelques ultimes photos. Au bout de quelques minutes les doigts sont gelés sur l’appareil, difficile d’avoir une température précise mais on a dû arriver au négatif, et avec le vent… Le ressenti est vraiment glacial !

 

 

Nous arrivons de nuit à un refuge de montagne. Le gardien, très sympa, nous fait le tour du propriétaire. C’est plus confortable qu’une cabane non gardée, comme nous en avons l’habitude, mais c’est tout de même très rustique. Le bâtiment n’est raccordé à aucun réseau, le peu d’électricité généré en hiver par les panneaux solaires ne permettent que d’éclairer la pièce commune. Pour le reste il faut se balader partout avec une lampe frontale. Bien sûr pas de chauffage dans le dortoir, pas d’eau chaude… On évitera de prendre la douche, l’eau étant celle de la source et elle est à 6°c. Mais c’est tellement bon de passer une soirée entre copains autour d’une cheminée, avec une bonne bière et un bon repas. On étudie la carte pour le lendemain tout en revivant l’étape du jour, avant d’aller se mettre au chaud dans les duvets et faire une bonne nuit de sommeil. Demain nous attaquerons notre marathon de 3 jours d’hivernales, il faudra donc partir en forme le matin !

 

 

Quelques flocons de neige tombent sur le refuge et les moto au moment du départ. On rajoute les couches thermiques avant de partir plein nord vers Betws y Coed.

Les routes de la Elan Valley sont incroyables, on en prend plein les yeux à chaque virages… Puis arrive le parc national de Snowdonia, avec ses hauts plateaux de landes qui rappellent l’Ecosse. On voudrait s’arrêter après chaque colline pour sortir l’appareil photo, c’est difficile de résister à la tentation… Mais il le faut sinon nous n’arriverons jamais au Bruce Pollard Memorial Rally !

 

 

Nous sommes la veille du Dragon Rally, objectif principal de notre voyage, mais Manu nous avait parlé d’une mini concentr’ à faire avant : Le Bruce Pollard Rally.

Il s’agit d’une petite concentration hivernale, organisée par des motards du coin en l’honneur du fameux Bruce, décédé quelques années auparavant de la maladie de Charcot. L’événement est assez intimiste, peu connu, mais on nous l’a conseillé pour son côté authentique. Tout se passe au Giler Arms, un pub qui fait aussi gite, camping, restaurant… Et qui gère toute la logistique de la concentr’. Une hivernale full confort donc, où l’on mange au restaurant, avec de bonnes bières à la pression et où l’on a accès à de vrais sanitaires ! Un luxe pour nous qui sommes plutôt habitués sur ce genre d’événement à la nourriture de bivouac, aux mauvaises binouzes sans gout qui remplissent l’estomac et à l’absence totale d’hygiène !

 

 

L’ambiance est excellente à la Bruce Pollard, certes c’est moins rock’n’roll que les Millevaches mais on y croise plein de mecs super cools, des préparations de motos improbables et on est super bien accueilli ! Le resto est très bon, la bière coule à flots, les gens sont tous super sympas… bref, une belle expérience d’hivernale ! La météo nous a même réservé quelques flocons pour la nuit, le froid et le houblon nous ferons dormir comme des loirs sous nos tentes…

 

 

La nuit fut fraiche mais quel bonheur d’enfin dormir sous la tente. Nous n’avions pas prévu de loger aussi souvent en « dur », mais ici la recherche de bivouac est vraiment très difficile et finalement le seul moyen pour nous de dormir sous tente reste les concentrations motos.

Alors bivouac hivernal… Mais bivouac luxueux tout de même ! Rare sont les concentr’ hivernales à proposer un English Breakfast complet au restaurant ! On se rempli la panse de bacon, de saucisses et d’une multitude d’accompagnements frits dans l’huile avant de partir vers notre objectif majeur : le fameux Dragon Rally ! Avant de partir, les organisateurs de la Bruce Pollard viennent nous remettre un prix, celui du deuxième groupe à avoir fait le plus de kilomètres pour venir jusqu’à Betws y Coed. Le trophée n’est autre qu’une bouteille de Jack Daniel’s… Que l’on évitera d’ouvrir pendant le petit-déjeuner !

C’est assez drôle de se dire que l’on plie tout notre bivouac… pour tout re-déballer dans une heure. Nous ne sommes qu’à 30 minutes de Conwy, où nous allons récupérer notre inscription pour le Dragon Rally dans les locaux du motoclub local. On sent tout de suite que l’on est pas sur la même taille d’événement, ça grouille de motos sur le parking ! L’organisation nous donne les coordonnées GPS du lieu réel de la concentration, à Bangor, juste en face de l’ile d’Anglesey. Tout juste 20 minutes de route avant de ressortir tentes, duvets, matelas,…

 

 

Les cadeaux d’inscription : friandises, autocollants,… et vodka !

 

 

Le Dragon Rally est une concentration hivernale qui connait une belle réputation en Europe, à l’instar de l’Elefantentreffen en Allemagne, des Pinguinos en Espagne ou encore des Millevaches en France. Environ 1700 motards, tous un peu givrés et certains venant de très loin, qui bivouaquent dans l’enceinte d’un immense parc. C’est déjà un très bon point pour l’événement, ici on est loin de la promiscuité des Millevaches où l’on est tous collés les uns aux autres… Parfois c’est bien pour l’ambiance, parfois c’est chiant quand tu tombes sur des voisins pas intelligents (merci les mecs qui m’ont cramé ma tente en 2023 parce qu’ils ne savaient pas gérer un feu…)… Là chaque groupe peut avoir son espace à soi, installer le bivouac le plus confortable possible, car la zone de camping s’étend à perte de vue !

Une fois le camp monté on part se balader sur le site, et on est pas déçu par ce qu’on y trouve ! C’est le temple du « pokémon rare », avec des motos parfois aussi improbables que leurs propriétaires ! Des décos hautes en couleurs, des types déguisés en bavarois ou en explorateur anglais du XIXeme siècle, des 125 bien « rat’s », des trikes bricolés,…

 

 

Pour notre plus grand bonheur l’organisation avait même prévu la retransmission des matchs du tournoi des 6 Nations ! Malheureusement pour nos hôtes le XV gallois c’est incliné face à l’Italie… Puis vint le tour d’Angleterre-France, en terrain hostile pour nous car encerclés par les british. Un match difficile, incertain jusqu’au bout et qui verra les anglais l’emporter d’un seul point. Il faut donc accepter de se faire chambrer par les anglais, on se vengera sur l’apéro…

 

 

 

Pour digérer la défaite rien de tel qu’un bon apéro, et pour ça les gallois savent recevoir ! Bières anglaises (sans bulles, dégueulasse mais apparemment certains aiment ça…), Guinness, IPA, blondes légères, cidre… On ne risque pas de mourir de soif ! Et pour le repas 2 foodtrucks qui proposent des pizza et des burgers. Un niveau d’organisation bien supérieur à ce qu’on a l’habitude d’avoir en France, certains trouveront ça moins rustique et trop « encadré » mais on a apprécié de boire de la vraie bière et manger copieusement sans avoir à sortir les popotes !

 

 

 

Puis le concert commence dans la grange, avec un super groupe qui nous sort les meilleurs classiques : Metallica, les Red Hot Chili Peppers et « l’hymne » de notre voyage Thin Lizzy « Boys are back in town » ! Grosse ambiance à la soirée, la bière coule à flots, les britanniques sont tous super sympas avec nous et engage facilement la conversation. Ça parle carbus, voyages, rock’n’roll et surtout… Ça fait gouter son breuvage local avec fierté et chauvinisme !

C’est là que l’on tient la revanche des frenchies sur les fourbes anglais qui nous ont battu au rugby dans l’après-midi… Ils n’étaient pas préparés à devoir gouter nos spécialités ! Au menu : découverte du pastis, de la Chartreuse et de la « Tsar Bomba », une gnôle de pomme maison ramenée par Matth qui pourrait terrasser même le plus alcoolique des russe. Pas d’échappatoire pour les locaux, il faut tout gouter et surtout finir les verres servis (bien sûr à ras bord). Interdiction de vider ça dans les plantes, la patrouille veille au grain. Quelques verres plus tard nos nouveaux amis parlent couramment français et redemande du « ricassou » … Ou plutôt du « Wricassouw » !

A mon avis la Terre va tourner un peu trop vite dans les tentes ce soir… Et ils se méfieront la prochaine fois qu’ils croiseront des français en concentration !

 

 

Le jour se lève sur le bivouac, il est 9h du matin et quasiment aucun bruit dehors… La nuit a été un peu rude pour certains du coup ça traine dans les duvets. Les constatations sont faites au petit déjeuner, toutes les bouteilles sont vides. Ricard, Chartreuse, gnôle… Même notre trophée de la Bruce Pollard, la bouteille de Jack Daniel’s, y est quasiment passée ! Cela mérite bien une double dose de café… et de Doliprane !

Le Dragon Rally aura été une super expérience. C’est vraiment un événement moto très sympa à faire, avec une ambiance festive et bon enfant, sans prise de tête. On y reviendra ! Mais avant de planifier un autre voyage sur place… Il faudrait plutôt penser à aller prendre une douche ! 3 jours que l’on est pas passé par la case « hygiène » et que l’on est habillé en tenue chaude et surtout étanche, sans pouvoir faire respirer le moindre cm² de peau… Ça commence à sentir la charogne !

Heureusement que l’on a réservé un gite à deux pas du bivouac, littéralement juste derrière l’enceinte du parc. A mi-parcours sur notre voyage, il s’agit de faire une pause logistique, lessive, hygiène du motard… Somme toute assez méritée !

 

 

 

Pendant que la lessive sèche partout dans la maison nous décidons d’une journée « off » pour faire un petit tour de moto et découvrir l’ile d’Anglesey. On est en fait vraiment tout près et ça sera idiot de ne pas aller voir ce qui s’y passe !

Il faut tout de même se forcer un peu le matin pour se mettre en route car la météo engage à rester au chaud dans le canapé et ne rien faire ! Un vent à décorner les bœufs, une petite pluie fine typiquement anglaise… Heureusement les paysages méritent vraiment que l’on se fasse violence !

 

 

 

Pour manger sans s’envoler on se réfugie dans un pub tenu par un irlandais… Que même les irlandais ne doivent pas comprendre ! Super sympa, mais un accent à couper à la tronçonneuse… On a tous fait mine d’avoir compris quand il nous a parlé, mais on a rien pigé ! Le seul truc qu’on a compris c’est qu’il n’avait que des trucs gras et copieux à la carte… Ça aura le mérite de nous lester sur la route pour le retour !

 

 

 

Puis l’arrêt obligatoire à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch, la commune avec le nom le plus long d’Europe ! Ce n’est même pas une blague, c’est bien le nom du bled et il veut dire « l’église de Sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près du tourbillon rapide et l’église de Saint Tysilio près de la grotte rouge ». Face à une telle débauche de consonnes (devait y avoir une promo) on était obligé de faire la photo devant la gare !

 

 

 

Après 2 jours à roder autour de Bangor, on reprend l’itinérance pour la deuxième partie de notre voyage. Aujourd’hui direction le parc national de Snowdonia avec pour mission de le parcourir en long, en large, et en travers !

Snowdonia est le plus grand parc national du pays de Galles, c’est aussi ici qu’on trouve le point culminant (mont Snowdon 1085m) et les plus hauts cols routiers. Alors ce n’est pas les Alpes, on va pas se mentir, mais c’est tout de même une vraie zone montagneuse avec du dénivelé et le quota de virages pour ravir les motards ! Je pense qu’on aura réussi à prendre 100% des routes du parc, et elles valent toutes le coup ! Parfois c’est très roulant, avec un bitume en bon état et une route plutôt large, parfois c’est tout à fait l’inverse… Mais à chaque fois le paysage est à couper le souffle !

 

 

En fin de journée nous retournons au Giler Arms, le pub organisateur du Bruce Pollard Rally. En février la quasi totalité des campings sont fermés mais lui reste ouvert toute l’année ! Ça nous fera économiser un peu d’argent et puis l’endroit est sympa et on mange bien au pub. C’est notre dernière nuit au Pays de Galles, on en profite pour descendre quelques pintes avant la traversée de l’Angleterre qui s’annonce un peu triste.

 

 

 

Départ pour Birmingham après une dernière nuit en tente. La route n’est pas incroyable, c’est tout droit et il nous faut nous habituer à nouveau au monde et à la circulation après une semaine dans la campagne galloise. Nous arrivons dans la deuxième ville du pays, avec plus d’un million d’habitants, sans trop de difficulté. Certes il y a beaucoup de trafic mais tant que l’on garde son sang froid et que l’on prend son mal en patience… Ça passe !

 

 

Birmingham n’a pas vraiment bonne réputation, tous les gallois à qui on a dit qu’on allait là-bas nous ont tous posé la même question : pourquoi ?!

C’est une ville très populaire, qui souffre de la désindustrialisation, et où la délinquance est très forte. Apparemment le vol de moto y est le sport national ! Alors pourquoi y va t’on ? Et bien pour voir le musée national de la moto, apparemment un incontournable pour les motards en Angleterre !

Pour éviter tout problème on a trouvé un hôtel pas trop cher avec un parking sécurisé. Rien d’infaillible bien sûr, mais suffisamment « safe » pour qu’on arrive à fermer les yeux ce soir ! Nous nous installons donc dans un hôtel Ibis Budget en plein centre-ville, à 5 dans 2 chambres, entassés avec l’intégralité de nos bagages et équipements moto ! Heureusement que l’on s’entend bien car on est parqué comme des poulets en batterie !

Nous décidons d’aller explorer les environs de l’hôtel pour notre première nuit sur place et c’est pour le moins… Insolite ! En fait nous sommes dans l’historique quartier gay de Birmingham, une place forte de la communauté LGBT en Angleterre mais qui aujourd’hui est largement « grignotée » par le quartier asiatique ! Un mélange des genres surprenant, avec des bars gays, des salles de sport qui affiche clairement leur appartenance LGBT, des restaurants japonais et des épiceries chinoises !

 

 

   

 

 

Nous buvons quelques pintes dans un bar à cocktails un peu trop chic pour nos looks de motards de campagne. On sent qu’on exaspère un peu les serveurs mais en même temps c’est désert, ils n’ont pas vraiment d’autres clients. Au bout de 2 tournées d’IPA j’avoue que l’on est déja un peu « pété », je ne sais pas ce qu’ils mettent dans leur bière mais ça rigole déja fort dans le bar !

La soirée continue dans un resto indien où le patron nous parle avec la gentillesse fourbe du type qui va profiter de l’ivresse de touristes qui ne comprennent rien à la carte. On continue les pintes, on nous apporte à manger sans que l’on comprenne trop ce qu’on commande. Matth s’étouffe avec le piment, on s’étouffe tous en voyant l’addition… On se rend compte qu’on est venu manger chez des connards mais bon, ça nous apprendra à nous pointer dans un resto à 3g et à commander n’importe quoi sur une carte que l’on ne comprend pas !

Rien de grave, cela ne nous empêchera pas de passer une bonne soirée, et on en rigolera plus tard. Pour finir en beauté Simon repère sur Google un bar spécialisé dans les jeux d’arcade, on râle un peu (beaucoup) sur le chemin pour y aller car c’est à l’autre bout du centre-ville mais… Que ça valait le coup ! C’est tout simplement le paradis pour ceux qui, comme nous, ont grandi dans les années 90 avec des jeux vidéos comme Street Fighter ou Donkey Kong ! Bon, pas Fredo bien sûr… Mais Fredo est un gosse donc ça lui plait tout autant !

On enchaine les parties et les verres. Time Crisis, Tekken, les flippers… Jusqu’à la fermetures du bar ! Une soirée incroyable, peut être la plus drôle de tout le voyage !

 

 

Le retour à l’hôtel fut rude, 30min de marche qui nous ont paru une éternité… Complétement ivres, rôtis à la bière,  à travers une zone industrielle désaffectée qui sent bon le fait divers raconté par Christophe Hondelatte ! Tout simplement l’enfer. Mais on y est arrivé sans croiser de zombies défoncés au crack ou autre types bizarres… Ce qui est à mon avis une prouesse pour le quartier !

 

 

 

Autant vous dire qu’après une nuit aussi mouvementée on ne s’est pas levé super tôt le lendemain pour aller au musée ! Les casquettes sont en plomb ce matin, les yeux collent et on ne sait pas si on a besoin en premier d’un café ou d’une aspirine…

Pour le petit déjeuner on fait comme on peut à 5 dans une piaule, avec le réchaud, la popote, et une serviette sur le lit en guise de nappe !

 

 

On a des petits yeux au musée mais heureusement la visite ne demande pas trop d’efforts. Une bonne idée de sortie pour cuver la bière de la veille !

Le musée de Birmingham retrace toute l’Histoire de l’industrie de la moto en Angleterre, depuis ses tout début jusqu’à nos jours, en passant par les motos développées pour l’armée pendant les guerres mondiales et celles de compétitions. On y trouve des marques très rare chez nous, des Vincent, Norton, New Imperial… Pour les amateurs de belles mécaniques c’est effectivement un incontournable dans un voyage moto en Angleterre !

 

 

Le programme du soir sera plus light que la veille. Pas de tournée des bars, pas de folies… Un resto chinois (super bon) dans le quartier asiatique, un thé et dodo.

Nous repartons le lendemain pour notre dernier jour sur l’ile. Le ferry est à 23h donc a vraiment le temps de le prendre cool. Direction Londres et le fameux Ace Cafe, haut lieu de la culture motarde anglaise et londonienne.

Alors on ne va pas se mentir je n’ai pas vraiment été emballé par la visite. Le lieu a énormément d’Histoire, depuis sa création dans les années 30, l’arrivée du rock’n’roll, les mauvais garçons en cuir qui tirent la bourre sur la rocade entre deux bières… Les cafe racers, les moto-clubs,… Mais aujourd’hui c’est simplement un bar avec une déco motarde, qui surfe à fond sur sa notoriété en vendant des goodies et des fringues hors de prix, des burgers pas terrible et de la bière trop chère. C’est un avis très tranché et personnel, certains seront peut-être sensibles à l’aura du bar… Mais pour moi cela n’est absolument pas un lieu qui mérite le détour, il y a bien d’autres pubs où vous croiserez des passionnés de moto en Grande-Bretagne… A commencer par le Giler Arms au Pays de Galles !

 

 

 

Quitter Londres sera difficile car qui dit capitale… Dit bouchon ! Heureusement que le flegme britannique opère, aucun automobiliste ne perd son sang froid malgré l’ampleur du « traffic jam », les gens prennent leur mal en patience… Cela nous change de nos grandes villes françaises où ça klaxonne à tout va au moindre ralentissement, et où certains sont prêts à tout pour gratter 10m dans la queue !

Nous finissons par arriver à Newhaven vers 19h, sans difficulté insurmontable. Encore 4h à attendre le ferry, on va les passer au MacDo du coin en enchainant les cafés. Pas de cabines pour le retour car il n’y en avait plus, il faudra faire avec les banquettes du bar, et entre nous… Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit !

 

 

 

Débarquement à 6h du matin à Dieppe, ressenti 5h avec le décalage horaire, aucun sommeil et 900 kms pour rentrer à la maison. Une étape marathon pour arriver avant la nuit, et finir ce beau voyage au pays des Dragons !

4000 kms au total, à la louche, des ampoules à la main droite, 3kg de plus sur la balance grâce à la gastronomie anglaise… Mais que c’était bien ! L’ambiance des concentr’, la gentillesse des gallois, la beauté des paysages… Il faudra y retourner !

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