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Transylvania Express

La Roumanie n’est pas une région inconnue pour moi, j’y étais allé il y a maintenant 10 ans mais j’étais resté sur ma faim lors de ce voyage. Trop peu de temps passé sur place, à peine 3 jours, car ce n’était qu’une « étape » dans un trip beaucoup plus long à travers tout les Balkans… Ce qui n’avait pas laissé beaucoup de temps pour la découverte de ce pays atypique. Alors quand on m’a proposé d’intégrer un groupe pour y retourner l’occasion était trop belle !

Alors oui « un groupe », pour ceux qui suivent mon blog depuis le début cela doit étonner vu que je voyage toujours seul et que je fais souvent la « promotion » du baroud solitaire… Mais après tout pourquoi pas ! L’exercice est différent, avec ses avantages, ses inconvénients, et cela me permet de redécouvrir le voyage moto sous un autre angle. Qui dit groupe dit aussi compromis, et il me faudra m’adapter à un format de voyage dont je n’ai pas l’habitude : seulement 15 jours et au mois d’aout.

Avec 3000 kms de liaison aller/retour la mission de découvrir la Roumanie en 2 semaines prend des allures de stage commando, avec un roadbook on ne peut plus ambitieux variant petites routes de montagne et pistes à l’état incertain… Il nous faut donc un groupe d’élite pour le « Transylvania Express » !

Pour m’accompagner j’ai avec moi 2 camarades de la team Vie de Motard. Tout d’abord Matth, qui roule avec un 800 GS au kilométrage respectable de quasiment 100.000 kms et qui est le seul du groupe à être déjà allé dans les Balkans. Julien, lui, roule avec la toute dernière Ducati Multistrada V4, une écurie à peine contenue de 170cvx bardée d’options en tout genre. Clara et Antho complète le groupe avec leurs GS 1250 ET 850, ce sont les « novices » du groupe car ils n’ont jamais voyagé aussi loin en moto, surtout en itinérance avec bivouacs.

On est clairement sur un commando « maxi-trail », alors certains rageux crieront au scandale « blabla light is right » … Mais quand tu dois rentrer 6000 kms en 15 jours il vaut mieux partir avec un TGV plutôt qu’en solex, même si mon avis n’engage que moi.

 

Clara, Antho, Julien et Matth

 

Samedi 5 août, à l’aube, le groupe quitte la France pour la partie la plus douloureuse du voyage : la traversée de l’Italie du Nord. C’est tout plat, tout droit, tout moche, c’est infâme… Mais c’est aussi un passage obligé pour qui veut voyager à l’est. On prend donc son mal en patience bien planqué derrière sa bulle, profitant du confort de son énorme moto.

Au moment de partir nous avons eu des nouvelles assez catastrophique de Slovénie, de violents orages ce sont abattus toute la semaine sur le pays et ont ravagé certaines régions. Glissement de terrains, inondations, routes effondrées, villages évacués,… Bref, on nous promet l’apocalypse sur place alors que nous ne pouvons pas vraiment contourner le pays ni décaler notre départ. Il faudra donc faire avec ces conditions là en espérant que cela n’impacte pas trop notre liaison jusque dans les Carpates !

Finalement, une fois la frontière passée, le déluge biblique annoncé c’est transformé en une petite pluie fine parfaitement supportable et nous trouvons sans mal un camping ouvert. Par contre difficile de croire que nous somme en plein mois d’aout. Il fait frais (voir froid dirons certains !), humide, il n’y a aucune luminosité et les lieux sont quasiment déserts comme… En plein mois de novembre !

 

Postojna

 

La nuit sera fraiche mais au moins nous avons évité les orages, à 24h près nous aurions peut-être été évacués du camping par les pompiers !

C’est sous une météo d’automne que nous reprenons la route vers l’Est, cette fois-ci par les pistes pour éviter au groupe la terrible monotonie de deux jours d’autoroute d’affilée. Tout ça bien sûr sous une pluie intermittente qui m’obligera à porter ma tenue de pluie toute la journée… En me faisant pester en secret sous mon casque en voyant les tenues gore-tex dernier cri de mes camarades…

 

 

Après quelques détours et raccourcis obligatoires à cause des inondations nous finirons par rallier l’objectif : la frontière croate. Un bonne journée de pistes et de petites routes sous la pluie, mais heureusement ce soir nous sommes accueillis chez des amis, Branko et Carmen, ce qui nous permettra de faire sécher nos affaires… Et de profiter de l’hospitalité slovène !

Nous n’étions pas encore arrivé que l’apéro était déjà servi, le barbecue prêt… On a même droit à trinquer au schnaps, et attaquer au digestif à 18h après une grosse journée de route… ça tape !

Du soleil, de l’amitié et la promesse d’une nuit au sec, il n’en fallait pas plus pour regonfler le moral des troupes après une journée marquée par les aléas de la météo… Un grand merci à nos hôtes pour l’accueil et leur générosité, grâce à qui nos batteries ont été rechargé à 200% pour la suite du voyage !

 

 

Après avoir séché les pilotes et le matériel nous repartons pour une grosse étape de liaison : Croatie – Serbie – Roumanie. Rien que ça !

Sur le papier ça passe, en gros 600 kms d’autoroute ce qui parait à portée de roues même si le nord de la Croatie et la plaine serbe promettent un ennui mortel. Champs de patates à gauche, champs de patates à droite… Tout ça sur une ligne droite infinie, pour le plaisir de conduite on repassera.

Donc sur le papier ça passe… Mais sur le terrain on a juste oublié d’anticiper 2 facteurs : la douane et la météo. La douane s’est forcément incontournable et quand il y a plus d’une heure de bouchon pour y accéder… Et bien il faut prendre son mal en patience. On se console en se disant qu’il fait beau, que ça pourrait être pire, qu’il pourrait pleuvoir, blablabla… Et bien justement, comme on est parti sous le soleil on a presque cru à une sorte de bonne étoile, genre « on a commencé le voyage sous la pluie mais maintenant il va faire beau tous les jours »… Mais non, la vie ça ne fonctionne pas comme ça, et certaines fois la poisse… Elle te poursuit !

Du coup en arrivant en Serbie on a été accueilli par la scoumoune, sous la forme d’un énorme nuage bien noir et menaçant qui ne nous a même pas laissé le temps de nous préparer. L’orage éclate alors que nous sommes en train de sortir de la rocade de Belgrade. Pas d’aire de repos ni même de bande d’urgence, aucun échappatoire… Je prends la rincée de ma vie sans avoir la moindre occasion d’enfiler ma tenue de pluie. Tant pis, on se dit que ce n’est que de l’eau et qu’on est pas en sucre… Alors au diable le K-way, de toute façon je suis déjà trempé jusqu’au caleçon donc ça ne sert plus à rien de le mettre.

 

 

La traversée de Belgrade sous l’orage et aux heures de pointe sera rude. Difficile de ne pas se perdre les uns les autres dans le trafic, difficile de rester sur ses roues sur ce bitume lisse et détrempé, et surtout difficile de ne pas finir sur un capot tant la circulation est dense et le respect du code de la route inexistant ! Mais on arrive, tant bien que mal, à s’extraire de la capitale serbe sans pertes ni fracas. Reste à finir les 100 kms qui nous sépare de la Roumanie… Mais avec l’orage qui nous suit inlassablement c’est impossible, l’équipe est détrempée, il se fait tard, la visibilité est de plus en plus réduite… Il faut se résoudre à s’arrêter.

Heureusement pour nous, alors que nous sommes dans une zone qui n’augure rien de bon en terme de bivouac, nous trouvons un camping sur notre chemin. Alors ça ressemble plus à une ZAD, avec un champ de boue au milieu et des caravanes délabrées en locations probablement fabriquées sous Tito, mais ça fera notre bonheur pour la nuit. Je vous laisse imaginer la bonne odeur et l’atmosphère humide dans la minuscule caravane, avec des motards trempés comme des serpillères qui font sécher leurs chaussettes sales sur les tringles à rideaux… Un délice !

Hélas, avec le déluge j’ai oublié de prendre des photos de ce lieu pittoresque… Mais imaginez un mix entre Notre Dame des Landes et la gadoue d’une rave party sous la pluie et vous aurez quasiment l’image !

 

 

Le lendemain les nuages nous quitte définitivement et nous passons enfin la frontière roumaine. Juste le temps de changer l’heure de nos montres (+1h par rapport à chez nous), notre monnaie et nous nous élançons sur la route 57 qui longe le Danube : les fameuses Portes de Fer !

Ce qui me frappe tout de suite c’est le changement de « décor » par rapport à mon premier voyage en 2013.  La route était à l’époque dans un état plutôt moyen, avec un revêtement qui changeait tous les 500m. Tantôt du goudron, puis du béton, en passant par des parties en terre, et parfois ce revêtement n’était pas le même des deux côtés de la route… Tout ça avec des chiens errants présents partout, bref, les conditions de route étaient loin d’être optimales !  Là, au contraire, nous avons droit à un bitume nickel, des bords de route nettoyés, pas un corniaud qui manque de se jeter sous nos roues… Une belle différence en 10 ans, signe que le pays semble se développer dans le bon sens ! Alors certains diront que c’est moins l’aDventure… Je dirais que c’est surtout mieux pour les roumains, qui n’ont pas besoin de « barouder » dans leur quotidien. Le plaisir des aventuriers de bac à sable d’Europe de l’ouest qui cherche des sensations fortes… c’est secondaire.

Cette balade le long du Danube sera aussi l’occasion de faire « la bise » à notre ami Décébal, le chef des Daces qui résista aux légions romaines, sorte de Vercingétorix roumain dont un milliardaire roumain a fait ériger une statue. Une œuvre très controversée pour de multiples raisons, écologique, historique, et surtout pour la tentative de propagande nationaliste derrière cette commande. Mais bon… Comme on est des bons touristes on s’arrêtera quand même pour la photo.

 

 

Après cet arrêt très touristique nous quittons le Danube pour nous enfoncer dans les terres, et plus particulièrement dans le parc national de Domogled. Une route très viroleuse en excellent état au début mais qui finira par devenir un calvaire !

Il y a des trous littéralement partout, et pas du petit nid de poules… Non… Vraiment de quoi y enterrer un maxi-trail avec armes et bagages ! En fait on ne sait plus trop bien si on est sur une piste ou sur une route goudronnée. Il semble pourtant y avoir du goudron au sol, mais on est obligé de rouler debout, de slalomer péniblement entre les cratères, et de faire une véritable lecture de trajectoire comme en tout-terrain. La progression est tellement lente qu’il nous faut pas loin d’une heure pour atteindre le lac de barrage de la 66A, soit à peu près… 20 kms !

 

 

Et une fois au lac  : énorme déception. La piste qui traverse tout le parc national est fermée. Un panneau bien en évidence nous barre la route, du coup difficile de faire les étonnés si on se fait contrôler plus loin, on préfère donc faire demi-tour… Ce qui veut dire refaire les même 20 kms dans l’autre sens à se faire secouer comme des shakers… Heureusement que la vue est belle depuis le barrage, sinon ça serait vraiment la déprime.

 

 

Sur la redescente du lac nous trouvons un spot parfait pour le bivouac. Une aire plate, proche d’un ruisseau, bien orientée… Quoi demander de plus ? Peut-être de ne pas être visité par un ours durant la nuit. Car oui, c’est officiel, à partir de ce soir il va falloir prendre des précautions par rapport à ça. Isoler la nourriture et tout ce qui peut avoir une odeur corporelle forte (par exemple des pansements) et les enfermer dans des sacoches loin des tentes. Nous n’avons pas la certitude que cela suffira à éviter les mauvaises surprises, mais en tout cas la soirée sera belle, avec un feu de camp bien agréable et un apéro mérité !

 

 

Le lendemain, après une nuit de sommeil sans visite de plantigrades, il nous faut nous résoudre à finir de rebrousser chemin sur cette route ô combien pénible. Certes, les alentours sont beaux, mais quand on a les yeux rivés en permanence sur les cratères à 5m devant nos roues avant… On a pas le temps de s’en rendre compte, et on en vient à établir un dicton qui veut qu’ « une piste vaut toujours mieux qu’une route défoncée ». Là clairement on aurait préféré faire du vrai offroad plutôt que cette pseudo-piste/vraie-route démolie, à slalomer en permanence pour ne pas exploser une jante ou pour éviter les éboulis… Tout sauf un plaisir.

On en profite juste pour s’arrêter aux abords d’un curieux bâtiment inachevé, et faire un brin « d’urbex ». Difficile de dire si le projet était d’en faire un hôtel, ou peut-être un foyer de travailleurs forestiers… Mais le chantier à l’air abandonné depuis longtemps et nous en croiserons beaucoup de ce type pendant notre voyage. Peut-être des constructions lancées sous l’ère communiste qui ont été laissé à l’abandon après 1989 faute de moyen, de volonté ou même d’intérêt.

 

 

Après une courte liaison à travers la campagne roumaine, nous rejoignons Novaci et le départ de la route 67C : la fameuse Transalpina ! Une des deux routes de montagne mythiques du pays, connues pour ses 130 kms de virages et ses paysages aériens à couper le souffle… Et clairement on ne sera pas déçu !

La météo est capricieuse, les nuages noirs et menaçant nous offre un contraste incroyable avec le soleil et des couleurs magnifiques sur ces sommets pelés ! La progression devient difficile, les virages parfaits invitent clairement à mettre du gaz en permanence, mais les paysages donnent envie de s’arrêter tous les kilomètres pour sortir l’appareil photo ! Cruel dilemme d’enfants gâtés, à ne pas savoir si ils doivent rouler ou contempler… On aura donc fait des compromis, calmer les ardeurs de la Multistrada de Julien qui n’en peux plus de vouloir étaler ses chevaux, et résister à la tentation de sortir l’appareil à chaque virage !

Cette route à tout de même une atmosphère à part…

 

 

 

 

A force de s’arrêter pour prendre des photos nous finissons par nous rendre à l’évidence : il sera impossible de finir la Transalpina dans l’après-midi.

Nous nous mettons donc en quête d’une zone de bivouac au bord du lac d’Oasa et cette fois-ci nous allons pas mal « jardiner » car les rives sont très peu accessibles en moto. Pas mal de demi-tour, d’exploration à pied,… Pour finalement atterrir au monastère du même nom. L’endroit est assez fréquenté, de nombreux jeunes sont en vacances sur place pour une sorte de « stage » spirituel ou de retraite et nous leur demandons si cela dérange si nous campons dans les environs du monastère. Réponse : personne ne sait si c’est autorisé mais l’idée ne semble pas les choquer ! Alors pas d’hésitation, nous plantons le bivouac à exactement 190m du bâtiment !

Faites ça en France à côté d’une église classée et vous êtes sûrs de vous faire dégager avant même d’avoir eu le temps de couper le contact !

 

 

Le spot est sublime, une vue imprenable sur le lac, une plage pour se baigner… Et cette impression d’être comme des trappeurs, paumés au fin fond du Canada… On ne pouvait pas rêver mieux pour un bivouac !

Par contre, on a beau être au mois d’août, ça caille ! L’avantage c’est qu’on ne subit pas du tout nos équipements de moto la journée (ce qui est un luxe en plein été) mais le soir le feu de camp est obligatoire pour profiter de sa soirée… Donc avant la douche : corvée de bois !

 

 

Alors ce spot était parfait… à un détail près : son accès !

Une belle pente en herbe bien traitre qui nous offrira quelques belles figures de style et deux chutes. Bibi, la veille en descente pour finir la journée en beauté, et Clara le lendemain en montée pour attaquer du bon pied une étape de tout-terrain.

Heureusement les pilotes et les machines ne sont pas en sucre !

 

 

Nous quittons le lac d’Oasa pour une étape essentiellement « offroad » qui, nous ne le savons pas encore, sera cataclysmique.

Pour l’instant tout va bien. Certes les nuages annoncent de la pluie mais rien d’inquiétant, et puis on en a tellement « mangé » depuis le départ de ce voyage que finalement… cela ne nous perturbe pas plus. On profite à fond de cette belle piste à travers les forêts, la grisaille apporte même une ambiance mystérieuse aux lieux… On se rappelle que l’on est dans les Carpates, région dont le folklore est rempli de vampires, de revenants,… Et, si on a pris une bombe à poivre pour les ours, je pense que personne n’a pensé à l’ail et au crucifix si jamais Dracula nous attend à la sortie d’un virage !

 

 

Puis, de l’autre côté du col, le temps se gâte… Mais vraiment ! Pas du petit crachin qui mouille à peine le casque, non… Un déluge type épisode cévenol qui vous trempe avant même d’avoir eu le temps de réaliser qu’il commençait à pleuvoir !

Les conditions sont dantesques, nous sommes au fin fond de la forêt, au milieu de rien, les éclairs tombent si près que nous avons quasiment le son et l’image en même temps… Et nous avons parfois l’impression qu’il y a plus d’eau qui ruisselle sur la piste que dans le torrent !

 

 

A force de voir l’eau dévaler la montagne nous finissons par être bloqué face à un passage à gué. Ce n’est pas très profond mais le débit est important et surtout des pierres et des branches sont charriées dans cette eau boueuse où l’on ne voit rien. Le risque de se faire faire faucher la roue avant en traversant est réel ! Donc, pour éviter tout risque inutile, Julien a la bonne idée de faire un barrage avec des pierres pour détourner une partie du débit vers la piste et non vers la rivière.

Oui… faire un barrage !

L’idée peut paraitre bizarre de jouer aux castors pour changer le cours d’un torrent mais contre toute attente… ça fonctionne ! On fini par inonder la piste et diviser par deux le débit au niveau du passage à gué, les pierres ne risquent plus de faucher les roues des motos… Mission accomplie ! Comme quoi, en groupe, avec un peu de patience et de cohésion… On peut se prendre pour Moïse et séparer les flots !

 

 

Les conditions vont s’arranger après cette dernière difficulté. Non pas qu’il pleuve moins, même pas du tout, mais la piste atteint le fond de la vallée et n’y a plus d’éboulis et de ruisseaux qui la submergent. Par contre ça va être long, très long, d’arriver au bout.

Il y a en gros 60 kms de pistes jusqu’au premier village, cela parait peu sur le papier mais quand on est trempé et qu’on y voit absolument rien à travers la visière cela n’en fini plus !  Ceci dit on est pas à plaindre, nous avons tous sous nos casques un sourire béat de gosses trop heureux de jouer dans les flaques… On est pas en sucre, ce n’est que de l’eau, on finira bien par sécher un jour… Et en attendant on se marre comme des idiots !

Pour sécher on se trouvera un petit resto en banlieue de Sebes, avec des burgers gargantuesques pour … 5€ seulement ! Oui c’est aussi ça la Roumanie, ce n’est pas uniquement de la forêt et des routes qui tournent. C’est aussi des restaurants où on ne se fout pas de vous niveau quantité, où on mange bien, beaucoup, et surtout de la viande ! Petits estomacs et végans s’abstenir donc, ou alors priez pour qu’il y ai une soupe au menu des entrées !

Après Sebes nous décidons de reprendre la Transalpina pour finir la partie nord que nous n’avions pas pu faire la veille. Le soleil refait son apparition et nous essayons de sécher du mieux possible sur la route même si, avec le demi litre d’eau que j’ai dans chaque botte, il est peu probable que mes chaussettes sèchent !

Retour au lac Oasa, pour Clara les nuits précédentes ont été difficile à cause du froid alors nous décidons cette fois-ci de dormir en dur pour qu’elle puisse « recharger ses batteries ».  C’est du coup l’occasion de laver nos affaires d’aventuriers (de bac à sable) dans la petite chambre que nous louons à 5 dans un gite au bord du lac. Ambiance camp de manouches garantie ! Il y a des cordes tendues partout, dès qu’on se déplace on doit slalomer entre les chaussettes et les caleçons, c’est aussi ça le voyage !

Une bonne Ciucas bien fraiche (la meilleure marque de bière qu’on ait trouvé en Roumanie), un repas au chaud et même la tournée de digestif du patron pour finir… Il n’en fallait pas plus pour nous envoyer au lit avec la ferme intention de faire trembler les murs de nos ronflements !

 

 

Le lendemain nous décidons de faire 2 groupes : Clara et Antho prendront la route et Julien, Matth et moi les pistes. Rendez-vous en fin de journée sur, ou après, la Transfagarasan.

Avant de partir, sous un magnifique soleil, on pose fièrement dans nos tenues de bergers roumains… Un style de malade… (pour ceux qui on la réf’).

 

 

Nous quittons à 3 la route de la Transalpina vers l’est en suivant une piste sublime. Tout est parfait, la météo, les paysages,… Il y a une atmosphère particulière, presque féérique !

Au détour d’une pause photo, au sommet d’un col, nous croisons 2 chasseurs roumains qui descendent une piste plutôt escarpée dans un break Dacia défoncé des années 80. Jantes 12″ façon « galettes » et pneus mort depuis 20 ans, musique à fond, morts de rire et qui nous saluent chaleureusement. Comme quoi… Quand en France on est capable de débattre pendant des heures sur « blablabla Michelin c’est mieux que Mitas » ou encore « est-ce que telle moto passe sur telle piste »… Alors qu’ici on hésite pas à faire du franchissement avec un corbillard en pneus slicks sans amortisseurs ! Ça laisse songeur…

Les regards se tournent du coup vers la Multistrada de Julien, son million de réglages possibles d’amortisseurs, de cartographie moteur, son régulateur de vitesse adaptatif,… 2 salles, 2 ambiances !

 

 

Après ce magnifique interlude « piste » nous retrouvons le goudron aux environs de la route Transfagarasan, principale attraction pour motards du pays et considérée comme « mythique » en Europe au même titre le col du Stelvio par exemple.

Alors autant vous dire que c’est un peu surfait… Certes la route est très sympa, longue et avec beaucoup de virages, mais elle n’offre pas les panoramas et l’ambiance de la Transalpina. Ici on est plus sur un disneyland pour motards, où on vient chercher des sensations fortes. Certes la vue depuis le col mérite sa photo, mais pour le reste c’est une route de montagne classique qui invite surtout à mettre du gaz et à ne pas trop réfléchir !

A ce jeu là cela devient difficile de suivre Julien et sa Ducati. Un V4 de 170 chevaux avec un chassis de Moto GP et une électronique qui rend tout possible… Ma vieille Ténéré de 230.000 kms s’accroche aux branches pour ne pas être larguée ! Même en mettant les cale-pieds par terre à chaque virages il me sera impossible de suivre le rythme infernal de la Multistrada, 10 ans d’écart entre les deux motos qui en paraissent 30 !

 

 

La Transfagarasan n’est pas uniquement connue pour côté « circuit sur route ouverte », c’est aussi le territoire des ours ! Et sur la moitié sud ils sont partout !

Le premier que nous voyons est une énorme surprise, à la sortie d’un virage on plante les freins pour ne pas finir dans baloo et dans les voitures qui sont aussi désarçonnées que nous… il est là sur le bord de la route, tout tranquille, presque à nous attendre pour prendre la photo… Improbable !

 

 

C’est après avoir croisé un deuxième ours que l’on comprend… Les touristes leur jettent tellement de nourriture par la fenêtre des voitures qu’ils sont devenus quasiment apprivoisés. Je dis bien quasiment, il faudrait être stupide pour aller leur donner une tranche de jambon directement dans la gueule ! Mais il ne manifeste véritablement aucune agressivité, alors que nous sommes systématiquement beaucoup trop près et vulnérables sur nos motos.

Du coup le ressenti est un peu mitigé, je suis certes très heureux de voir des ours en voyage, et on est forcément attendri devant ces géants tout patauds qui attendent qu’on leur jette de quoi grignoter… Mais je me dis aussi qu’on ne devrait pas voir ça, que ces animaux ne devraient pas prendre de risques à passer leur journées sur les routes. Après cela ne dépend pas de nous si les touristes ne respectent pas l’interdiction de nourrir les ours alors que les panneaux sont partout, cette situation un peu étrange n’est pas de notre faute… Donc on ne se gâche pas le plaisir de les voir si près de nous ! Surtout quand on a la chance d’avoir une maman ours et ses oursons qui prennent des poses d’une mignonnerie incroyable !

 

 

Nous retrouvons Clara et Antho au pied de la Transfagarasan, non loin de Curtea de Arges, et nous décidons de nous mettre en recherche d’un spot de bivouac. La tache n’est pas évidente car il faut trouver un coin qui soit loin de la ville pour être tranquille, mais en même temps pas trop en pleine montagne non plus sous peine d’être tout près des ours qu’on a vu auparavant (et qui sont tellement habitués aux hommes qu’ils n’hésiteraient pas à visiter le camp la nuit). Et si possible pas loin d’un cours d’eau pour pouvoir se laver, ce qui fait un sacré cahier des charges.

On fini par trouver une petite vallée tranquille, entre deux villages très agricoles, où on ne passe pas vraiment inaperçu !

 

 

Après avoir provoqué un véritable embouteillage avec un troupeau complétement apeuré par nos motos, on se dit que ce n’est plus vraiment nécessaire d’être furtif vu que tout le monde nous a remarqué dans le village… Alors pas la peine de se casser la tête, le spot de bivouac ça sera juste à la sortie du bled et à 50m de la piste principale. En même temps en Roumanie tout le monde s’en fout que des motards viennent faire du camping sauvage, ça n’a l’air de choquer personne ici et cela nous change de la France !

Plein de gens vont nous voir planter les tentes au bord du ruisseau, à chaque fois nous aurons droit à un coup de klaxon et des grands signes de la main pour nous saluer… Bref, je crois qu’ici ça ne sert vraiment à rien de vouloir se cacher.

 

 

Ce soir là on va se faire une grosse frayeur. Pendant que le groupe monte sa tente, Matth se dévoue pour entamer la corvée de bois du soir… Sauf qu’en essayant de casser une branche qui était à hauteur de tête il a réussi à s’en enfoncer une partie dans l’œil !!!

Gros coup de stress, l’œil qui pisse le sang, la vue troublée,… Heureusement Julien est pompier professionnel et nous gère l’urgence comme un chef, nous n’avons qu’à faire les petites mains à côté et lui tendre le matos qu’il demande. Rinçage de l’œil, vérification de la plaie, de la vision,… C’est très impressionnant, mais ce n’est rien. La branche a, par chance, frappé sous l’oeil et seul un petit bout a éraflé la paupière ce qui a provoqué le saignement.

On a donc frôlé la catastrophe, cela aurait pu être beaucoup plus grave, mais la seule chose que Matth va avoir c’est une gueule de pirate pendant tout le reste du voyage.

Donc moralité : ne jamais partir sans une trousse de secours complète ! Les adeptes du « light is right » vous voyagez sans réchaud si vous voulez, et même sans tente si ça vous amuse, mais pas sans une trousse de secours bien garnie.

 

 

Le lendemain, au réveil, l’œil de Matth est très gonflé et il va falloir revoir un petit peu les plans pour économiser sa vue. Exit l’idée de faire du offroad aujourd’hui, on va déjà aller « à la ville » pour faire le plein de médocs pour son œil, et ensuite direction Brasov par la route principale.

On est donc sur une étape de liaison mais qui n’est pas forcément inintéressante. Ce qui est notée comme une sorte de voie rapide sur ma carte est en fait une petite route de montagne plutôt sympa où on arrive à mettre un peu de rythme. Attention aux excès de confiance tout de même, si le bitume est en bon état il faut se méfier des bosses et des compressions qui sont justes énormes ! Pour vous dire j’ai réussi à mettre l’amortisseur arrière en butée sur des compressions alors qu’il est neuf !!! Tenir un 80 km/h de moyenne c’est déjà du sport dans ces conditions !

Petite pause repas aux abords d’un monument de la première guerre mondiale, Vie de Motard au garde à vous !

 

 

A partir de là ce fut l’enfer. On s’était dit que ça pouvait être sympa d’aller à Bran pour voir le château de Dracula, que ça pouvait être une visite intéressante et pas trop fatigante pour Matth et son oeil de pirate… Mais non, s’était une idée à la con.

Bran est une énorme attraction touristique, la foire aux touristes principale du pays… 30 kms de bouchons avant d’arriver sur place, donc 30 bornes à faire en remontant des files ce qui n’est finalement pas du tout reposant ! Et encore, pour nous s’était pénible, mais pour les voitures… Le GPS indiquait 2h de route, un enfer.

Une fois sur place je ne vous raconte pas la foire à la saucisse. Boutiques de souvenirs qui vendent des goodies Dracula, restaurants Dracula, parking Dracula,… Tout ça pour finalement tomber sur le château qui, sorti de son contexte, est assez insignifiant.

Ajoutez à cela qu’une visite « rapide » n’est pas possible, qu’il faut se garer loin, payer le parking (même si c’est très abordable), qu’il y a un monde fou et qu’en plus ce château n’a absolument rien à voir avec le personnage historique qui a inspiré le roman de Dracula… Et bien on a tout de suite beaucoup moins envie de visiter ! La décision est prise : on se casse !

On est à la moitié de notre périple, on roule depuis 3000 kms non stop et comme on arrive à Brasov, une jolie ville, on se dit qu’on pourrait peut-être y passer le weekend pour profiter ensemble des ambiances roumaines, sans les contraintes liés à la moto et au bivouac. Nous nous trouvons donc un AirBnB dans la banlieue et c’est parti pour une soirée de citadins ! Brasov est une ville ancienne, d’architecture baroque avec un très beau centre-ville piéton rempli de restaurants, de brasserie… Il y a énormément de vie et ça nous change de nos habitudes ! Déplacement en Uber, visite de la ville à pied, petit resto… Ça fait parfois du bien de quitter ses bottes de baroudeur!

 

 

Pour le reste de la soirée je ne vous le raconterai que dans les grandes lignes, les détails nous appartiennent… Je dirais juste sobrement que, l’alcool étant peu cher en Roumanie, et les roumains fort sympathiques… Alors nous avons passé une excellente soirée, mais heureusement que nous sommes rentrés en taxi !

 

 

Autant vous dire que le lendemain, après une nuit aussi intellectuelle, le réveil fut très difficile ! Impossible de reprendre les motos avant 14h, la tête au fond des sacoches… Il faut se résoudre à l’évidence : on ne quittera pas Brasov ce soir !

Donc nous allons en profiter pour faire un « décrassage » autour de la ville pour voir à quoi ressemble les environs. Brasov, outre ses bars et ses boites de nuits, c’est avant tout une station de ski (même la plus grande d’Europe de l’Est) ce qui explique la forte concentration de touristes sur place. On y vient bien sûr pour admirer l’architecture de la ville mais surtout pour les sports outdoor, avec le parc national de Bucegi qui est tout près.

Nous partons donc « à l’arrache » vers les montagnes pour faire un peu de tout-terrain histoire de se réveiller un peu. Pas d’itinéraire, on suit « au talent » quelques pistes et on verra bien où ça nous mène…

 

 

Et qu’elles sont belles ces montagnes du Bucegi ! Nous sommes pourtant à l’entrée d’une agglomération de 250.000 habitants mais de notre point de vue on a l’impression d’être au milieu de rien !

Nous suivons de belles pistes très roulantes, tantôt au fond des bois, puis au sommet de panoramas magnifiques… On passe d’une gueule de bois à une fracture de la rétine en 30 minutes à peine !

Alors bien sûr c’est tellement beau et facile d’accès qu’il y a un monde fou. Randonneurs, vélos, quads, 4×4… Et bien sûr nos motos au milieu. Mais pas de soucis, si dans certains pays la pratique de la moto verte ou du 4×4 peut être très mal vue (voir complétement interdite) ici cela ne dérange personne et la nature se partage en bonne intelligence entre toutes les disciplines sportives. Et que ça fait du bien de ne pas subir les regards réprobateurs des randonneurs !

 

 

Ce tour dans le nord du parc Bucegi ne devait être qu’une petite balade à but thérapeutique, pour guérir de la cuite de la veille… Mais ce fut bien plus que ça, une magnifique rando improvisée qui nous aura permis de découvrir la région sous un angle qu’on imaginait pas forcément… Très loin de l’agitation de Bran et de ses attractions touristiques qui ne sont pourtant qu’à quelques kilomètres !

 

 

Deuxième nuit à Brasov, cette fois-ci moins de folies… Un resto, une tisane et au lit de bonne heure… Il ne faudrait pas oublier que l’on a un voyage moto à poursuivre tout de même !

Le lendemain notre groupe se sépare définitivement, Clara et Antho doivent rentrer un peu plus tôt en France et donc ils vont faire un retour plus rapide par les grands axes. Julien, Matth et moi avons plus de temps devant nous, donc nous mettons aussi le cap vers l’ouest mais par les chemins de traverses.

Première étape : le chateau de Peles.

Plutôt que de visiter le (très surfait) château de Bran on nous a conseillé d’aller voir celui de Peles, au sud de Brasov. Alors cela reste aussi très touristiques, et j’ai une pensée ému pour les voitures qui mettront un peu plus de 2h pour atteindre le site… Mais rien à voir avec le parc d’attraction de Bran, ici pas de déco « vampires » mais un très beau château du XIXeme siècle, avec ses dépendances, ses jardins… Une visite au calme qui fait du bien dans un voyage très « moto » où l’on ne prend pas toujours le temps de la contemplation.

 

 

Nous continuons notre route à travers le sud du parc de Bucegi qui sera… Une petite déception !

Alors certes le parc est sublime, les montagnes majestueuses… Toussa toussa… Mais finalement lors de notre traversée la plupart des routes et pistes intéressantes étaient fermées. On reste donc un peu sur notre faim…

 

 

Nous finissons une longue journée de roulage vers Curtea de Arges, le point de départ au sud de la Transfagarasan. Il est tard et franchement on a la flemme de se mettre en recherche d’un nouveau spot de bivouac, donc on retourne à Corbeni retrouver l’endroit où Matth a failli perdre un œil. Petit moment d’émotion donc, au moment de garer les motos au même endroit… Mais bon très vite on en rigole, vu que tout va beaucoup mieux pour lui. L’œil a dégonflé, il ne lui reste qu’un cocard et il voit normalement… Ne nous plaignons pas !

Petit apéro à la Ursus Retro et une bonne nuit de sommeil avant d’amorcer pour de bon la marche vers l’ouest.

 

 

Aujourd’hui une grosse étape nous attend. Pas de visites prévues, pas d’endroits précis à voir, juste rouler un maximum vers l’ouest sans prendre les grands axes mais en essayant de ne pas jardiner non plus. L’idée est d’être dans 2 jours à la frontière hongroise et d’avoir eu le temps de visiter le parc national d’Apuseni, dernier objectif majeur de notre voyage.

L’itinéraire emprunte quelques pistes, recoupe vers la Transalpina, avant de repiquer vers le nord et le village d’Abrud.

 

 

Là on se trouve une nouvelle zone de bivouac au bord d’une rivière. Franchement sur ce voyage soit on est doué, soit on a de la chance, mais à chaque fois on trouve des spots pour dormir qui sont parfaits.

Ce n’est pas toujours évident de trouver un coin qui soit à la fois joli, discret, plat, suffisamment grand et avec un point d’eau à proximité. Généralement on prend ce qu’on a sous la main, et on est souvent obligé de faire une croix sur un des critères… Mais là nous trouvons systématiquement l’endroit 5 étoiles, celui qui coche toutes les cases ! Alors chance, talent, ou peut-être que tout simplement la Roumanie est le pays rêvé pour le bivouac… Mystère !

 

 

Après une belle nuit bercés par le bruit de la rivière nous entamons notre dernière étape en Roumanie. Le temps est lourd, orageux, la pluie menace… On ne peut pas dire que l’on ait été chanceux sur ce roadtrip (alors que nous sommes en août), et aujourd’hui cette météo digne d’un mois de novembre semble vouloir nous dire que nous ne sommes plus les bienvenues ici !

 

 

Pour ne rien arranger avec cette météo pourrie, Matth trouve la bonne idée de faire tomber son casque par terre et de casser la fixation de la visière… Il a le choix entre « tout ouvert » ou « tout fermé », et vu le temps on va plutôt fermer les écoutilles au scotch pour éviter d’irriter son œil déjà malade !

 

Nous arrivons enfin dans le parc national d’Apuseni, dont on m’avait tellement parlé avant ce voyage et que je voulais absolument voir avant de partir.

Et bien… Pour la vue faudra revenir !

 

 

C’est dommage pour les panoramas mais bon c’est la vie. Quand on voyage en moto on se fait toujours une idée de ce que l’on va voir sur place lorsqu’on prépare son itinéraire… Mais on sait très bien que l’on ne verra pas tout, on ne maitrise pas la météo et il faut savoir prendre les choses comme elles viennent. Malgré la grisaille le parc Apuseni tient toutes ses promesses. La vue est bouchée par les nuages ? Les magnifiques pistes sont là pour nous faire oublier ce détail !

Parcourir ce massif de montagne par les pistes est juste un pied incroyable, les paysages sont magnifiques, on croise ici et là des cabanes de bergers, quelques troupeaux… L’endroit parait hors du temps, et je crois que c’est pour ces moments là que l’on voyage.

 

 

Puis, au détour d’un virage… Le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, le glaçon dans le pastis… Des chevaux en semi-liberté nous attendent au milieu de la piste !

Instant magique qui nous renvoie au mythe du « lonesome cowboy », on se prend à rêver à être au fin fond du Montana à la recherche d’un troupeau perdu… Quand le motard est avant tout un éternel enfant qui n’a jamais vraiment grandi.

 

 

C’est avec une certaine tristesse que nous quittons Apuseni et ses montagnes. La plaine hongroise se dévoile au loin et on serait bien resté dans les Carpates une semaine de plus… On aurait pu voir les Maramures, les gorges de Bicaz,… J’en passe et des meilleurs, mais hélas le temps nous aura manqué. Il faut se faire une raison et se dire que ces regrets seront peut-être la base d’un futur voyage, qui sait !

En arrivant à la frontière, aux environs de Salonta, nous nous mettons en recherche d’un spot de bivouac sauf que… Running gag pas vraiment drôle de ce voyage, l’orage nous a rattrapé. C’est un peu le fil conducteur de notre parcours, partout où on cherche à se poser les nuages nous retrouve ! On serait au mois de novembre on ne s’étonnerait pas, mais là en aout ça tourne à la malédiction !

 

 

En plaine, en plein vent et sans rien autour pour nous abriter… Impossible de bivouaquer, ça sent la catastrophe à plein nez. Nous nous mettons donc en recherche d’un camping dans les environs, et le choix ne sera pas compliqué car… il n’y en a qu’un !

En arrivant sur place c’est un peu bizarre, le portail est fermé et nous avons l’impression qu’il n’y a personne. On fini quand même par nous ouvrir, c’est propre, bien rangé, mais bizarrement désert. Le propriétaire nous demande si on veut camper ou dormir dans un bungalow, du coup on lui demande les tarifs et il nous répond que… C’est gratuit pour les tentes !

Là on ne sait pas quoi dire, certes la vie n’est pas très chère en Roumanie mais de là à proposer le camping gratuitement on n’avait pas encore vu ça !

Le proprio poursuit en nous disant que si on veut un bungalow c’est juste 20€ pour tous les trois, en gros c’est simplement pour pouvoir payer la femme de ménage le lendemain. En sachant que pour le même tarif on peut occuper autant de bungalows que l’on veut.

C’est surréaliste mais ok, on accepte et on s’installe dans 2 chalets… Tout en se demandant vraiment si on a bien compris ce qu’on nous a raconté ! Cela parait trop beau pour être vrai, surtout que le camping semble tout neuf, les sanitaires sont super bien équipés, les chalets propres, bien décorés,… Même si on est en Roumanie ça vaut bien 3 fois le prix ailleurs dans le pays.

En questionnant les propriétaires on fini par comprendre. En gros ce sont des gens qui ont les moyens et qui ont acheté ce camping pour leur plaisir personnel, inviter la famille, les amis… Mais comme ils n’ont pas encore enlevé le référencement sur google alors ils continuent d’accueillir les voyageurs de passage… Gratuitement !

Nous les remercions 1000 fois pour leur hospitalité, car nous sommes clairement accueillis comme des amis, et leurs bungalows sont d’un luxe improbable pour des motards des bois qui ne sentent plus le parfum depuis longtemps maintenant !

Un apéro au sec et une bonne nuit de sommeil confortable… Ce soir c’est grand luxe !

 

 

La suite du parcours n’a rien de comparable à la Transalpina, au lac d’Oasa ou aux chevaux sauvages d’Apuseni…

500 kms d’autoroute pour traverser d’est en ouest la plaine hongroise. Une plaine d’un ennui mortel après avoir vécu pendant 10 jours dans les Carpates… Mais elle est aussi incontournable si l’on veut être rentré à la maison dans les temps.

Très sincèrement on aura traversé la Hongrie sans se retourner, quasiment d’une traite avec une seule pause pour l’essence, en mode TGV… De toute façon ça n’a aucun intérêt, autant garder du temps pour la Slovénie qui sera la dernière étape « tourisme » du voyage.

Du massif du Pohorje en passant par Kamnik, Ziri, Idrija… En alternant pistes et petites routes, s’était parfait pour terminer en beauté un voyage de 15 jours au rythme effréné. Un beau bivouac au dessus de Nova Gorica et ça en sera bientôt fini avec « l’aventure »…

Ne reste que la traversée de l’Italie du nord, au pas de charge et sous une chaleur de plomb, pour enfin être à la maison !

 

Un bilan ?

6000 kms, 6 pays traversés, 10 ours aperçus, 5 chutes pour ma part et une cuite au Jaggermeister… Ça c’est pour les chiffres.

Pour les satisfactions je dirai d’abord qu’on a eu aucun pépin de santé (même si on a frôlé la catastrophe avec l’oeil de Matth !) et aucune panne sur les machines. Avec ma moto de 230.000 kms et celle de Matth qui en totalise quasiment 100.000 ce n’était pas gagné d’avance ! Surtout avec le poids des bagages, l’état des routes, le tout-terrain… Mais finalement rien n’a bronché, on a rien cassé, la vieille Ténéré n’a même pas bouffé d’huile !

Ensuite je dirai qu’on a su se concentrer et profiter des régions traversées sans chercher à forcément tout voir et tout faire. Certes il y a toujours le regret de ne pas être aller plus à l’est et au nord dans les Maramures, mais au moins là où on est allé… on l’a vécu à fond !

Objectivement 15 jours pour voir « toute » la Roumanie c’est bien trop court, et on s’en doutait avant de partir. Il aura déjà fallu s’employer pour boucler ces 6000 kms dans les temps ! Mais 6000 bornes ce n’est pas si mal… Comme quoi, même quand on a peu de disponibilité, que le boulot ou la vie de famille nous donne des contraintes, on peut partir loin. Tout le monde peut poser 15 jours de vacances, partir, et l’horizon ne se limite pas qu’aux frontières de la France.  Alors… Lancez-vous ! L’Espagne, le Portugal, les Balkans… Et, la preuve, la Roumanie, toutes ces destinations sont à portée de vos roues ! J’espère donc que le récit de ce voyage « express » vous donnera envie de rouler plus loin et plus longtemps pour, qui sait, peut-être vous croiser dans les Maramures l’an prochain !

Longue route à vous !

 

 

 

9 réflexions au sujet de « Transylvania Express »

  1. ferreol dit :

    superbe récit. du rêve, mais je n’en suis pas là en moto (et peut être jamais). Ca fait longtemps que je suis VDM.

    Et la cuite a, me semble t il, été minimisée dans ce récit (images insta pour le passage d’une barrière mémorable). hihihi.

    Bonne route

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    • xt1200z dit :

      Oui j’ai volontairement minimiser car… La soirée mériterai un article à elle seule ! 😉

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  2. Waydventures dit :

    Super récit de partage, bravo  ! 👌

    Merci pour les anecdotes ainsi que pour les différents lieux.

    je m’en vais de ce pas les rentrer dans le gps pour les prochains jours 😂

    Au plaisir de lire une nouvelle romance de périple 👍

     

    Motardement 🫡

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    • xt1200z dit :

      merci pour ton commentaire 🙂

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  3. Ticube dit :

    Très beau récit de voyage ça donne envie 🙂

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    • xt1200z dit :

      Merci pour ton commentaire, si ça donne envie alors il faut foncer ! 😉

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  4. Jean -Marie dit :

    Salut Antoine, merci pour ton partage. Ça donne envie d’y aller. Ce doc prouve encore que nos Ténérés 1200 sont de bonnes mules parées a toutes épreuves. Belle région a découvrir avec un peu plus de soleil ! V a toute l’équipe ! ✌️

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  5. Thierry dit :

    Merci pour ce récit. Ça donne envie de partir avec vous, mais ce n’est plus de mon âge, surtout off road 🙂 Le road trip de cet été était concentré sur les Alpes suisses. Ça fait moins loin, et c’est moins roots ! Vos aventures me rappellent mes road trip de jeunesse sur les pistes de Grèce (prises involontairement) avec ma 900 XJ, armes, femme, bagages et beaucoup d’impro. La liberté quoi ! Longue route à toi et à la team VDM.

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