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A la découverte du Caucase – 4 – Autour du lac Sevan

Le jour se lève sur la steppe et ce grand ciel bleu n’augure que de bonnes choses pour cette nouvelle journée qui commence… Au ralenti. A force de trainer au café avec Lee, mon partenaire de périple, je finis par oublier que l’heure tourne et que je devrais prendre la route… Mais n’est-il pas bon de profiter de ces instants lorsqu’on voyage ? Une discussion entre voyageurs autour d’un café de bivouac, il faut dire que l’endroit est superbe et donne envie d’en profiter un maximum…

 

 

 

 

C’est donc en toute fin de matinée que je me lance (direction Erevan) sur un train de sénateur sous Lexomil, préférant largement admirer le paysage que de me concentrer sur la route. Tsghuk, Gorayk, le col de Vorotan… Il s’agit du même itinéraire qu’il y a deux jours mais je n’ai pas le choix car à cet endroit là c’est le seul axe routier qui permet d’aller vers le nord.

Un petit restaurant en bord de rivière fera mon bonheur pour midi. Généralement les menus sont incompréhensibles car rarement traduits en anglais, alors pour éviter les mauvaises surprises il est commode de demander un « barbecue ». Le terme est très bien compris et au moins on est sûr de ce que l’on a dans l’assiette !

 

 

 

 

Puis je m’offre un peu d’aventure en guise de digestif en bifurquant au niveau du réservoir de Herher. Un paysage d’une aridité rare se présente à moi, il doit faire 40°c sans un brin d’air… C’est on ne peut plus étouffant !

 

 

 

 

Le bitume cède vite sa place à la terre, comme il est de coutume en Arménie lorsque l’on s’écarte de la route principale. Mais le début de la piste n’a rien d’un cadeau, avec sa surface façon « tôle ondulée » les vibrations deviennent vite pénibles ! Ça se calme au village de Karmrashen, qui a des allures de ville déserte de far-west… Pas un chat dans les (quelques) rues, des maisons délabrées… Tu es bien loin de la maison cowboy…

 

 

 

La suite est un pur bonheur, la piste file droit vers les montagnes et je fends la steppe tel un Gengis Khan des temps modernes… Les quelques bergers croisés avaient du mal à comprendre ce que je faisais là tout seul sur ma moto !

L’ascension s’arrête aux alentours des 2500 m d’altitude, me voila sur un col qui domine toute la vallée d’Hermon avec un panorama à couper le souffle… Dans des paysages aussi grandioses on se sent forcément tout petit, et cet horizon plus lointain qu’ailleurs me laisse rêveur…

 

 

La descente vers Hermon demande un peu d’attention et de technique avec ses nombreuses épingles sableuses. Vu le dénivelé, la sortie de route semble interdite !

Une fois au village j’ai du mal à passer inaperçu et une vieille dame m’aborde. Je lui fais tout de suite comprendre que je ne suis pas du coin mais elle tient quand même à me raconter ça vie. Je ne comprends rien mais reste là à l’écouter, par politesse, pendant un bon quart d’heure… Pas le cœur de la couper et de toute façon rien de presse…

La suite se fera sur le bitume, avec peut-être la meilleure route pour les motards de toute l’Arménie: le col de Selim ! Avec ses 2410 m d’altitude, ses milles virages et son bitume incroyablement accrocheur pour la région je me surprends à mettre du gaz… Ce qui ne m’étais pas arrivé depuis longtemps ! Au sommet la vue est sublime, le col sépare les deux grandes parties de la région à savoir la zone du lac de Sevan (boisée) et les steppes du sud. Les vestiges du caravansérails rappellent que la route est ancienne, celle-ci était un des axes principales qui reliait l’Empire russe et la Perse… Cela laisse songeur…

 

 

 

 

Une fois le col de Selim franchit on change radicalement de décor, les rives du lac Sevan (le plus grand du pays) sont boisées et cela fait du bien de voir autre chose que des plateaux pelés ! En cherchant un chemin qui me mènerait jusqu’au bord j’ai le malheur de croiser une voiture de police… On m’avait prévenu sur les contrôles de vitesse ici, leur côté « louche » et la corruption dont font souvent preuve les policiers… Et ça n’a pas loupé !

La voiture enclenche son gyrophare, fait demi-tour « à la Starsky&Hutch » et me force à m’arrêter… Génial, je n’attendais que ça… Je vous livre l’échange que j’ai eu avec eux et leur anglais plus qu’approximatif:

« Vous rouliez trop vite monsieur… »

« Ah bon ? Et trop vite comment ? »

« Euh… 100… 107 km/h ! »

Quand on est sûr de soi on n’hésite pas, et cette vitesse me parait complétement hallucinante alors que sur cette route il est difficile de dépasser le 80…Il est absolument hors de question que je paye une amende pour ça !

« Non, impossible ! »

Mon aplomb le décontenance quelque peu, ça ne doit pas être culturel de répondre aux policiers ici…

« Mais monsieur… Nous avons une photo ! »

« Super, et bien montrez la moi. Je veux voir la preuve de mon infraction. »

Bien sûr la photo n’existe pas et le flic tourne autour du pot… Pour changer de sujet il demande à voir mes papiers et je vais l’avoir à l’usure. Depuis que je suis en Arménie je fais exprès de ranger mes papiers tout au fond de mes valises, pour être obligé de tout déballer avant de pouvoir les sortir. Je n’ai pas fini d’enlever tous les tendeurs que les deux compères s’impatientent… Ils me lancent un « ok, c’est bon », me font signent de la main et repartent sur la route pour plumer un autre pigeon… Pour une première tentative de bakchich j’ai géré la situation comme un pro !

Je tente alors un chemin pour atteindre les bords du lac et je me retrouve finalement en plein milieu d’un camp militaire rempli d’ados en uniforme. Un garde s’approche, je pense me faire virer fissa… Mais en fait pas du tout ! Certes je n’ai absolument pas l’autorisation d’être là, mais ça à l’air de plaire à tout le monde et les soldats viennent discuter avec moi. On fait même venir deux jeunes volontaires pour servir d’interprètes. A défaut de pouvoir camper on m’offre le café, un soda pour la route et même un magnet souvenir ! En Arménie on sait recevoir !

Les prochaines tentatives pour trouver un coin de bivouac sont aussi des échecs. En fait il ne manque pas de chemins pour accéder au bord de l’eau, ni même de terrains plats et dégagés, mais la rive sud est pour le moins sale et polluée… Si on ajoute à ça les moustiques ça ne donne vraiment pas envie de camper ! Je tente alors ma chance du côté est, la partie la plus « sauvage » du lac avec sa route non goudronnée… Et là c’est bien mieux ! Je trouve enfin mon petit coin de paradis, un bout de plage pour moi tout seul… Parfait pour planter la tente et se rafraichir après une longue journée de route ! En plus l’eau est bonne, encore une fois mon bivouac vaut bien plus qu’un hôtel !

 

 

 

En dépit du cadre idyllique j’ai pas très bien dormi… Entre le bruit de la houle (incroyable sur un lac !) et les pécheurs qui se sont pointés à 5h30 du matin, je n’ai pas eu beaucoup d’heures de sommeil ! En plus ces gros malins ont quasiment garé leur Lada sur ma tente alors que la plage est immense…

Je reprends la route avec la tête un peu « dans le gaz », avec le cap vers le nord et la ville de Sevan. Finalement le lac est immense mais n’offre pas de point de vue particulier et les villages sont quelconques, il y a bien le monastère de Sevanavank mais il y a beaucoup trop de touristes à mon goût… Alors je ne m’attarde pas et prends la route de Dilijan pour visiter Haghartsin, un autre monastère moins connu du grand public.

Situé en plein coeur d’une forêt, j’admire autant l’architecture des lieux que je profite de sa fraicheur… Ici tout est paisible, calme… C’est appréciable après 15 jours passés à faire de la moto non-stop… Et si s’était l’occasion de faire une pause ?

 

 

Il est 15h et je n’ai plus envie de faire de moto, après deux semaines de roulage acharné j’ai bien envie de me la couler douce dans une piaule avec un lit, une douche… Et autre chose qu’un repas lyophilisé !

Je trouve rapidement une petite chambre à l’extérieur de Dilijan, une maison d’artiste atypique tenu par un couple adorable et aux petits soins avec moi. L’endroit idéal pour se ressourcer avant ma dernière étape arménienne et la Géorgie.

Sur place je fais aussi la rencontre de Nare, une fille d’Erevan qui parle français et fais de la moto… Ce qui nous fait beaucoup de point commun ! Du coup on a passé la soirée ensemble à parler de son pays, de bécane, de voyage… Bref, aujourd’hui je n’aurai pas beaucoup roulé mais cela aura été l’occasion de faire de belles rencontres et d’approfondir ma découverte de l’Arménie !

Demain je dois retrouver Nicolas, qui m’avait guidé pour ma première journée dans le pays et qui me propose de me faire visiter les plus beaux monastères des gorges du Debed… Une offre qui ne se refuse pas !

 

3 réflexions au sujet de « A la découverte du Caucase – 4 – Autour du lac Sevan »

  1. Dao Dacam dit :

    Je suis étonné car , en parlant entre motards, on a tous lu ce blog avec plaisir et tous l’ont apprécié beaucoup. Mais finalement, peu y ont laissé trace. Donc, pas de lien entre les rares commentaires et le nombre de visiteurs !  😊

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    • xt1200z dit :

      Merci pour ton commentaire ! La suite arrive bientôt.

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  2. Dao Dacam dit :

    Et on attend la suite …

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