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A la découverte du Caucase – 5 – Les gorges du Debed

Il est 10 heures du mat’ et Nicolas vient me sortir du confort de ma petite guest-house… C’est qu’après une semaine de bivouac on finit par s’habituer au luxe, et il n’est pas facile de repartir ! Mais la dernière étape promet de bien belles découvertes, dans les gorges du Debed se trouve des monastères qui comptent parmi les plus beaux du pays… Alors en route !Mais, avant d’attaquer le canyon, un panneau attire notre attention à la hauteur du village de Lorri Berd. Apparemment il y a une forteresse à visiter… Nico ne connais pas le coin et nous faisons le détour pour voir de quoi il s’agit… Et quelle bonne idée ! Les visites imprévues ne sont pas toujours les meilleures, mais pour le coup c’est une très belle découverte. Les ruines de l’ancienne ville fortifiée de Lorri sont très intéressantes à visiter et la vue sur le canyon est tout simplement sublime… La journée commence bien et ça mérite largement un « dab » en mode « rappeur sensible » (pour ceux qui ont la référence) !

 

 

La route qui nous mène à Odzun est très agréable, viroleuse, vallonnée… Nous sommes en plein cœur de la campagne arménienne. Puis, une fois arrivés à Sanahin, nous surplombons enfin le canyon du Debed. La route plonge littéralement à l’intérieur des gorges avec un enchainement d’épingles très raides… Les personnes ayant le vertige passeront leur chemin !

Malheureusement la vue est quelque peu gâchée par la ville d’Alaverdi, une grande cité minière et industrielle très polluée… Pour lancer l’industrie du tourisme il y aurait tellement à faire…

 

 

Nicolas m’a réservé une petite surprise avant de visiter le monastère de Sahanin, non loin de là se trouve le musée Mikoyan dédié à l’ingénieur arménien qui fût le créateur du MIG… Le fameux avion de chasse soviétique ! A défaut d’avoir pu visiter le musée (exceptionnellement fermé ce jour-là), j’ai quand même pu prendre la pose à côté d’un monument de l’Armée Rouge.

 

 

 

 

Place à l’Histoire maintenant, avec la visite du monastère de Sanahin. Bâti en 967 (tout de même !), le site comprend de nombreux bâtiments et chapelles. A l’ombre sous les arches on profite d’un peu de fraicheur, ce qui n’est pas du luxe tant la région est une fournaise en cette fin d’été. Nicolas m’offre une visite guidée, et ses explications me permettent de mieux appréhender l’Histoire arménienne et surtout de comprendre qu’ici la foi religieuse à une part essentielle dans la culture populaire. Premier pays à adopter officiellement la religion chrétienne, l’Arménie se repose essentiellement sur son patrimoine architectural religieux pour développer le tourisme.

Outre les magnifiques khatchkars (stèle en forme de croix très stylisée), la particularité de Sanahin réside dans les nombreuses pierres tombales à l’intérieur du monastère… Que l’on peut piétiner! En fait les tombes des moines servent de dalles pour l’intérieur de l’église, au début on ose pas trop marcher dessus mais comme tout le monde le fait… C’est qu’on doit avoir le droit !

 

 

 

Nous profitons de la traversée d’Alaverdi pour admirer son riche patrimoine architectural… D’une beauté à couper le souffle… Non, je déconne, c’est moche et délabré mais on a quand même fait une petite séance photo pour rigoler !

 

 

 

Haghpat est certainement le plus grand et le plus impressionnant, par son architecture, des monastères que j’ai pu visiter en Arménie. Sa roche noire et austère nous renvoie à l’époque de sa construction (X-ième siècle), une période où la vie dans le Caucase devait être particulièrement rude… Maintes fois détruit à la suite d’invasions barbares, puis rebâtit, le site a toujours fait partie des grands centres intellectuels et religieux du pays.

Toutes ces visites me permettent de couper avec mon quotidien où je fais d’habitude énormément de moto. Voyager ce n’est pas uniquement « bouffer des kilomètres », c’est surtout découvrir, apprendre, réfléchir… Et rencontrer. Tout ce que j’ai pu faire ces derniers jours ! Mon exploration de l’Arménie fût donc une vraie réussite, et en flânant à l’intérieur d’Haghpat je retarde l’échéance du départ… Car après s’en est fini de mon périple arménien !

 

 

 

Nico m’accompagnera jusqu’au poste frontière avec la Géorgie, pour m’aider dans les démarches administratives qui ne sont pas aisées avec les douaniers arméniens… Puis il sera l’heure de se dire au-revoir. Toutes les rencontres sont importantes lors d’un voyage, mais certaines sont particulières. Nicolas ne m’a pas uniquement aidé aux passages des douanes, il m’a surtout permis de vraiment découvrir l’Arménie, sa culture, ses particularités, ses nuances… Et de mieux « comprendre » mon voyage. Je lui serai toujours reconnaissant pour le temps qu’il a accordé à un voyageur de passage comme moi !

La page arménienne se tourne, il me faut maintenant écrire celle de la Géorgie. C’est sans grande motivation que je roule en direction de Marneouli… Il  faut dire que la région n’a rien d’excitant, comme toutes ces zones de frontières. Les villages sont quelconques, plutôt industriels, et le côté « ville de transit » de Marneouli ne m’inspire pas vraiment… Comme je n’ai pas envie de bivouaquer dans une usine désaffectée, je me mets à la recherche d’un hôtel pour passer la nuit.

Dans le centre-ville je vois des panneaux qui m’en indique un, à l’arrière d’un bâtiment un peu lugubre… Je fais le tour, prends la cage d’escalier et monte au dernier étage. Sur place je toque à la grille… Bizarre comme accueil… Une quinqua au look bien vulgaire, mini-jupe en skaï trop courte et cheveux blonds peroxydés, vient m’ouvrir. Elle me donne tout de suite le tarif de la chambre, sur un ton assez directif, et quand je lui pose des questions sur le wifi, le petit déjeuner… Elle me regarde avec un air plus qu’étonné !

L’ambiance est bizarre ici, je jette un coup d’œil autour de moi… Peu de chambre, pas de réception, mais des salles fréquentées uniquement par des femmes… Le look de Madonna low-cost en fin de carrière de la matrone ne ment pas… Je suis pas dans un hôtel mais dans un bordel ! Je manque d’exploser de rire, le malentendu parait presque trop beau pour être vrai ! Je remercie poliment la dame, en lui expliquant comme je peux que je me suis « trompé dans ma recherche »… C’est hilare que je reprends la moto, il n’y a que moi pour me mettre dans une situation pareille !

Finalement je trouverais un « vrai » hôtel en centre-ville, à 20€ la piaule ça ne vaut pas le coup de bivouaquer dans un coin moche. Au moins j’aurai le temps de repenser à l’Arménie… Et réfléchir aux prochains jours en Géorgie, l’aventure attendra demain !

2 réflexions au sujet de « A la découverte du Caucase – 5 – Les gorges du Debed »

  1. Papy dit :

    Merci pour les photos toujours aussi exceptionnelles et surtout…. Pour la tranche de rire à la fin!

    Un bon moment de boulettitude dans toute sa splendeur ! Magique!😅

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  2. Tamasheq dit :

    Ah je j’ai attendu cette 5ieme étape (enfin le CR). Merci pour le partage

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