Mes précédents voyages m’ont donné l’envie de partir toujours plus à l’est, vers les Carpates, les Balkans… Des destinations qui ont aussi inspiré l’aventure à Sylvain, un ami d’enfance passionné de moto. 3 semaines pour couvrir 8000 kilomètres à travers 13 pays… Les vacances risquent de ne pas être de tout repos !!

Départ prévu le 1er septembre 2013, les motos sont prêtes à en découdre et à rouler toujours plus loin vers l’est. On a chargé le matériel de camping, les outils, embarqué un maximum de bonne humeur et d’optimisme… C’est bon on est prêt pour la conquête de l’Est !

Mais avant de vivre des aventures extraordinaires il faut quitter la France et traverser l’Italie du nord, rien de passionnant mais c’est déjà une épreuve qui teste notre endurance à l’ennui… Turin, Milan, Sondrio… Il y a deux étapes très longues à digérer mais nécessaire si on veut « boucler » ce trip dans les temps. J’ai réussi à trouver quelques « plans » couchsurfing sur la première partie du parcours, plus densément peuplé que les coins paumés de l’Europe de l’est dans lesquels nous allons… Après il n’y en aura plus, je n’y ai trouvé aucun couchsurfer disponible donc on se débrouillera avec les bivouacs…

Un rapide crochet en suisse nous redonne goût au voyage, enfin des virages après 850 kilomètres de lignes droites ! Les motos posent fièrement au bord du lago Bianco…

Puis c’est au tour des choses sérieuses… Sylvain voulait des virages et il va être servi. Bienvenue dans le Tyrol italien avec les cols du Stelvio et du Jaufen ! Mais rien à voir avec mon voyage de l’année précédente (Le long de l’Arc Alpin), cette fois-ci pas de neige ni de verglas mais des hordes de motards venus en nombres pour contempler les sommets. On y déguste le top de la gastronomie germanique: des hot dogs à la choucroute ! Et après ça il faut négocier 48 épingles d’une traite… Mieux vaut avoir l’estomac bien accroché !!

Nous arrivons dans les Dolomites, mes précédents voyages ont créé une certaine addiction à cette région et comme je suis généreux j’ai envie de la transmettre à Sylvain. Nous sommes attendons Carmen et Roland, mes amis couchsurfers qui m’accueillent pour la troisième fois en un an et demi. Couchsurfing n’est pas juste un bon plan financier pour voyager, c’est surtout un formidable moyen de mettre en relations des personnes passionnées de voyages et créer des amitiés…

Avant de filer vers l’est nous allons faire une boucle dans la région, pour s’en mettre plein les yeux et s’échauffer pour la suite. Bien sûr on est servi au niveau paysage et virage, les cale-pieds frottent, ça tire la bourre à tout va avec les groupes de gs-istes mous de la poignée de gaz… C’est dingue comme c’est lent un allemand… Vu notre rythme ils doivent nous prendre pour des fous, mais on ne vient pas toutes les semaines dans les Dolomites alors autant en profiter !

250 kilomètres à tirer la bourre ça laisse des traces… Et surtout sur les pneus. Vu qu’on est tous les deux des gros malins nous sommes partis en voyage avec des pneus usés qui commencent déjà à rendre l’âme ! Notre arrivée en Autriche sera donc consacrée à la recherche de pneus qui vont nous coûter les yeux de la tête… ça nous apprendra à ne pas réfléchir !

Le Tyrol autrichien est d’habitude calme mais cette fois-ci on croise beaucoup de motards sur la route. Quelque part c’est sympa, on se fait signe, on se salue à la pause café… Mais le truc louche c’est qu’ils roulent tous en Harley ! Au début on ne faisait pas trop gaffe mais là ça devient vraiment étrange… A la sortie d’Arnoldstein on comprend la surpopulation de custom: on est en pleine Bike Fest de Faaker See ! Comme on a pas préparé grand chose pour ce voyage on avait pas pensé débarquer au milieu de la plus grande concentration Harley d’Europe. On est à la bourre sur le planning mais tant pis, une occasion comme ça ne se loupe pas ! C’est parti pour une visite des lieux, des stands de préparateurs avec des bécanes hallucinantes, des boutiques ultra kitch qui vendent toutes les panoplies du parfait biker et bien sûr les bars avec du AC/DC à donf’… Le pied !

Rouler dans le sud de l’Autriche est plutôt plaisant, même si on quitte les hautes montagnes du Tyrol et leurs panoramas cela reste vallonné et la limitation à 100 km/h permet d’avaler les kilomètres sans trop se prendre la tête.

Entre les pneus et la Bike Fest nous arrivons en retard et de nuit chez Spela, une couchsurfeuse slovène qui nous attend à Maribor. Bienvenue dans les Balkans, la conquête de l’Est va enfin pouvoir commencer !

Le lendemain sera consacré à la traversée du nord de la Croatie, une étape pénible et ennuyeuse… Ici tout est plat, morne, à gauche des champs de patates, à droite des champs de blés… Et toujours les même villages moches qui s’enchaînent sans cesse… Même pas envie de s’arrêter au bar, on se fera notre propre café sur le bord de la route. L’occasion de rencontrer quelques locaux peu habitués à croiser des touristes par ici, et encore moi des motards. Une dame viendra même nous donner des bonbons… A défaut d’avoir des paysages intéressant au moins les gens sont sympas !

L’arrivée à Vukovar fait froid dans le dos… La ville est tristement célèbre pour sa bataille lors de la guerre de 1991, 87 jours de siège et de combats qui se termina par le massacre de 250 civils et militaires… Les bâtiments en portent toujours les traces et cela invite à la reflexion… Difficile de ne pas faire le parrallèle avec notre époque, elle aussi troublée par les questions d’identité nationale… Voyager ce n’est pas uniquement faire de la moto, quelques fois c’est aussi réfléchir, apprendre, comprendre…

Nous voilà en Serbie, comme d’habitude on arrive à la bourre et nous sommes obligés de nous frayer un chemin dans le trafic de Novi Sad de nuit. La circulation est complètement dingue, soit les feux sont verts pour tout le monde, soit ils s’en foutent royalement… Mais je pencherai plutôt pour la seconde option ! Notre hôte habite en plein centre ville, comme c’est la fête des fanfares il ne veut pas que l’on gare les motos dehors, c’est trop risqué selon lui. Son voisin se propose gentiment de nous garder les bécanes dans la cour de sa maison, mais seulement si on arrive à monter les escaliers avec nos pachydermes… Une dernière épreuve de muscu dans cette longue journée ! Notre ami d’un soir nous emmènera visiter la ville de nuit, au son de la musique traditionnelle serbe. Un moment très sympa malgré la fatigue, un peu d’activité citadine ne fait pas de mal avant la solitude des Carpates !

La traversée de la Serbie sera dans la lignée de celle de la Croatie… Une pénible errance dans un pays désespérément plat… Rien à se mettre sous la dent, pas un virage, rien à voir, rien à signaler… Si ce n’est l’hospitalité serbe. Ici les gens semblent naturellement bienveillant. Avec Sylvain nous nous arrêtons dans un lotissement pour pique-niquer quand une vieille dame nous aperçoit, apparemment inquiète et préoccupée par notre présence… Elle me dit quelque chose en serbe, bien sûr je ne comprends rien et je me dis qu’elle veut que l’on déguerpisse de sa montée de garage… Je vais pour pousser ma moto quand je la vois sortir des chaises dans son jardin, en fait elle veut que l’on mange chez elle ! On s’installe un peu gêné, on nous offre du pain, du jus de fruits… Son mari débarque avec une bouteille de schnaps à la main et une furieuse envie de tailler le bout de gras avec nous ! S’ensuit la plus improbable et incohérente discussion en anglo-serbo-yaourt ! On a rien compris mais on repart ravi de notre rencontre et avec des fruits plein les sacoches ! J’aime ces rencontres qui sortent de nulle part, ce genre de choses n’arrivent que quand on voyage loin de ses bases !

Une heure et demi d’ennui plus loin nous voyons la frontière de la Roumanie, avec les Carpates qui s’élèvent face à nous et la promesse de vivre encore plein de nouvelles expériences…

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