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La Conquête de l’Est – 2 – La Roumanie

Fini les Alpes, fini les Balkans… Fini de rigoler ! Enfin façon de parler, en passant la frontière avec la Roumanie nous rentrons dans les montagnes des Carpates mais on a pas dit que ça devait être triste ! Je n’avais encore jamais été plus loin que la Croatie en moto, on roule donc tout droit vers l’inconnu… Avec beaucoup d’excitation et d’impatience !

En parlant de frontière c’est dingue comme tous les villages frontaliers se ressemblent. Peu importe les pays c’est toujours glauque, délabré… On sent que tout le monde se fiche de ces endroits de passage, personne ne s’y attarde de toute façon. Mais on ne va pas faire comme les autres, la traversée de la Serbie et ses lignes droites interminables nous a un peu épuisé moralement et on a bien besoin d’une pause… Le premier village fera l’affaire. Bon ça craint un peu quand même… C’est moche, incroyablement vide, sans vie… Une ville quasi fantôme.

Je rentre dans le seul commerce pour faire 3 courses, histoire de préparer le bivouac du soir, et vu l’ambiance je ne m’attends pas un accueil des plus chaleureux. Notre présence intrigue quand même, avec nos équipements de cosmonautes et nos grosses motos. La vendeuse me demande d’où on vient, je lui réponds que nous sommes français et là stupeur… Elle me réponds en français !! Du coup ça brise la glace, on discute un petit peu, je lui explique le but de notre voyage… Grâce à elle j’apprends que beaucoup de roumains maîtrisent la langue de Molières, 1/5ième de la population en fait, c’est quelque chose d’assez bien vu chez eux. Du coup ce village est toujours aussi moche mais le contact avec ces habitants est bien sympathique et ça change tout ! A mon avis on va se sentir bien en Roumanie !

 

 

A la base mes plans prévoyaient de filer tout droit vers les Carpates mais avec Sylvain nous commençons à lorgner du côté du Danube qui est tout près… On nous a parlé d’une route formidable qui le longe et qui mène jusqu’aux Portes de Fer, en fait des Gorges qui séparent Roumanie et Serbie dans un défilé de 130 kilomètres… Un tout petit détour sur la carte, il faut qu’on aille voir ça ! Finalement cela s’avérera une belle erreur dans notre timing, mais seul l’avenir nous le dira !

Donc cap sur les rives du Danube (deuxième plus long fleuve d’Europe, après la Volga). La route est assez défoncée, rien qui pourrai nous empêcher de rouler mais son état est surprenant… En fait le type de goudron change tous les 500m ! C’est très bizarre, on alterne avec du goudron lisse, puis une plaque de béton, puis du goudron très granuleux, ensuite il n’y a plus que de la terre… parfois le type de revêtement n’est pas le même sur les deux voies et du coup le niveau peut varier entre les deux… Enfin du grand n’importe quoi ! Mais ça nous fait marrer, en même temps on voyage pour être surpris, pas pour avoir l’impression d’être à la maison !

On cherche un coin pour bivouaquer près de l’eau mais ce n’est pas facile d’être tranquille, il y a des pêcheurs absolument partout avec les camping-cars, les tentes… Finalement on trouve quand même un endroit un peu à l’écart, il y a deux roumains qui ont aussi établie leur camp mais ça ne les dérange pas de partager. Ce soir on campe pour la première fois du roadtrip et on se paye le luxe du feu de camp au bord du Danube… On va pas faire les malheureux !

 

 

 

Le lendemain nous prenons pleinement la mesure des Portes de Fer. La veille la fatigue nous faisait un peu rouler « au radar », après une bonne nuit de sommeil dans la tente et une belle lumière on comprend pourquoi on nous a conseillé d’y faire un tour ! La route sinue tranquillement le long des eaux vertes du Danube, rien à voir avec les gorges du Verdon mais c’est quand même très sympa ! D’ailleurs on croise de nombreux touristes, les lieux doivent être réputés dans le pays. Une immense statue nous fait face, c’est Décébale le roi des Daces (ancêtres des roumains) qui résista contre l’invasion des légions de Rome… Le garçon ne devait pas être un tendre, donc Respect-Robustesse l’ami Décébale, puisse tu accorder ta clémence aux faibles et dérisoires envahisseurs que nous sommes !

 

 

 

Il faudra bien se décider à quitter le Danube, ça n’était pas du tout le planning et il faut se concentrer sur l’objectif du roadtrip: les Carpates. On bifurque donc plein nord vers les montagnes et la petite ville de Targu Jiu. L’endroit n’est pas hyper bucolique mais on a besoin de caféine donc on s’arrête dans le premier bistrot venu. On tombe sur une camionnette française immatriculé en région parisienne, ça nous fait rire de voir ça ici mais on n’y prête pas trop attention. La dame au comptoir nous accueille gentiment et forcément elle nous demande d’où on vient. Le fait que l’on soit français la met dans tous ses états, elle nous baragouine quelque chose en anglais/français/roumain… On comprend juste qu’elle veut appeler son fils et c’est plutôt étrange… On se recaféine tranquillement en terrasse quand on voit débarqué son fiston, un grand sourire sur le visage et qui nous lance un « salut les français ! ». Toujours surpris de voir des roumains parler français, finalement on est pas si loin de la maison ! La camionnette est à lui et il nous confie qu’il est le patron d’une petite boite de TP à Paris. Pour venir voir sa famille il se tape la route d’une traite sans s’arrêter: 2000 kilomètres et 21 heures de voitures… Les roumains sont des malades !!

Super sympa, on reprend un café avec lui et il nous donne pleins de bons conseils pour le reste de notre parcours. Il veut même nous accompagner en voiture pour être sûr que l’on ne se perde pas aux embranchements ! La route est encore longue et il nous faut quitter notre ami d’un jour, sa mère refuse que l’on paye les multiples cafés… L’hospitalité roumaine dans toute sa splendeur.

Nous reprenons notre périple vers la route Transalpina, la plus haute du pays (culminant à  2 145 m) et certainement un paradis pour motards avec ses 150 kms de virages non stop ! Ce n’est pas la plus connue, généralement les « routards » se ruent plutôt sur la route Transfagaras, et c’est un tort car c’est tout simplement sublime ! La première partie est la plus élevée en altitude, les paysages sont pelés, rudes, et les cols permettent d’avoir une vue à 360° sur les Carpates.

On y croise un groupe de motards serbes, ils veulent tirer la bourre sur leurs Yamaha XT660… On s’accroche un peu mais les gars sont trop fous pour moi, je rends la main tandis que Sylvain bataille jusqu’au sommet ! Petite discussion motarde en haut du col, peu importe la nationalité quand on est motard on a toujours des trucs à se dire !

La deuxième partie est plus soft, le paysage est moins aride, on traverse de profondes forêts de sapins… ça tombe bien car il se fait tard et l’endroit semble idéal pour un petit bivouac ! Bon tout le monde nous a dit de ne pas camper dans les bois à cause des ours… Mais nous on est un peu con donc on écoute pas les conseils ! Et puis on se trouve un petit carré d’herbe rase au bord d’un lac… Comment résister ?!

La recette d’un bon bivouac est toujours la même, un feu d’un camp, un plat de pâtes et la soirée à contempler les étoiles… Le pied !

Ce qui est moins drôle c’est le réveil frigorifié dans la tente… Sylvain n’en revient pas:

« Je comprends pas ! Mon duvet c’est un 0°c confort et je me les suis caillé toute la nuit ! Il doit être trop vieux, c’est pas possible… »

En l’écoutant je dé-zippe la toile de la tente, j’entend la glace craquer quand je la repousse…  ça ne sent pas bon du tout… Je passe la tête dehors, tout est givré

« T’inquiètes pas pour ton duvet, il va très bien… Mais dehors c’est la Sibérie !! »

Pas facile de se faire un café, l’eau a commencé à geler dans les bouteilles, et il faut rallumer le feu sinon c’est prendre le risque de ne pas survivre au petit déjeuner !

 

 

Nous n’avons pas le temps de compter combien d’orteils ont gelé durant la nuit, aujourd’hui l’étape va être énorme. Le détour par le Danube nous a mis en retard de plusieurs heures, le soir même nous sommes attendu en Bulgarie chez un couchsurfer et il nous reste toute la Roumanie à traverser !

Après un très rapide passage par Sibiu nous attaquons la célèbre Transfagaras, un enchaînement de virages d’une centaine de kilomètres qui semblent n’avoir été construit que pour le simple plaisir des motards ! Je ne vois que ça comme explication, les courbes sont trop parfaites, relevées, le goudron est étonnement propre et sécurisant pour le pays… Non franchement c’est un circuit ouvert à la circulation ! Et comme on est à la bourre on ne fait pas de détails, les roumains doivent se dire que les français sont vraiment des fous sur la route. Eux sont en vacances et flânent, nous on lance une course contre la montre sur la Transfagaras pour ne pas arriver en retard en Bulgarie !

 

 

On en rigolera lors des rares pauses car on enchaîne les bornes à un rythme effréné. Quelque part c’est dommage parce que l’on en profite pas plus… Mais en même temps qu’est ce qu’on se marre !  Une micro horde de deux barbares qui partent à la Conquête de l’Est !

L’épreuve d’endurance continue et on commence à perdre un peu en lucidité… Lors d’une pause ravitaillement Sylvain se trompe de pompe et commence à remplir le réservoir de sa GS avec du gazole !! On se regarde dans le blanc des yeux… Il ne reste plus qu’à diluer avec de l’essence et prier Décébale pour que le moteur démarre… Silence de mort dans la station, contact, appui sur le démarreur… hallelujah ! La bête n’est pas morte, bon elle pète gras mais tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir !

Il doit être 18h et nous sommes encore très loin de la frontière… Il faudra faire une partie de l’itinéraire sur l’autoroute pour ne pas perdre de temps… Au moins jusqu’à Bucarest, la capitale, où on se perd quelque peu à cause du manque de panneaux et de la nuit qui commence à tomber. Après quelques demi-tour (non homologués) dans la ville nous trouvons la route de Ruse (Bulgarie), 1h30 de nationale dans la nuit noire à suivre des camions… à la fois flippant et épuisant

On fini par franchir la frontière, il est 22h et nous sommes enfin en Bulgarie. Les deux étapes roumaines auront été éreintantes et nous nous promettons de ne plus faire de détour inutile à l’avenir ! Maintenant il faut se reposer avant une autre partie importante du trip: la Bulgarie !

 

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2 réflexions au sujet de « La Conquête de l’Est – 2 – La Roumanie »

  1. Boucanier dit :

    Bonjour,

    je découvre ton blog et tes supers CR.

    Bravo

    je pars avec ma compagne ce début juillet de Belgique vers le rdvs T&B au Karrellis puis vers la Slovénie, Croatie, Serbie pour faire la Roumanie.

    nous partons avec 2 GS pour prendre les routes et chemins de traverse. On emporte de quoi dormir en bivouac.

    je serais heureux 😊 d avoir tes conseils pour préparer au mieux notre périple.

    je te laisse mes coordonnées ci dessous .

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    • xt1200z dit :

      Je peux volontiers t’aider pour les itinéraires, que ce soit sur terre ou sur bitume. Par contre l’hébergement, les resto… Je n’ai pas tellement d’infos car je voyage le plus souvent avec ma tente et je favorise les sandwichs sur le bord de la route 😉

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