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La Conquête de l’Est – 4 – Retour par les Balkans

Nous quittons la Bulgarie après une rude initiation en tout-terrain, le point le plus à l’est est atteint et il ne nous reste plus qu’à rentrer à la maison… Mais pas sans faire quelques détours et s’égarer dans les Balkans ! Il reste beaucoup à découvrir de cette belle région, l’Albanie, le Monténégro… Alors gaz !!

Mais avant de retrouver l’aventure en Albanie il nous faut passer par une étape de liaison dans le nord de la Grèce, entre violents orages et chaleur étouffante. Même si on est loin des circuits touristiques et des villages typiques du pays, notre itinéraire n’est pas une épreuve de longueur et d’ennui comme on a pu en vivre en Serbie. La Macédoine grecque (à ne pas confondre avec le pays du même nom que les grecs ne reconnaissent pas, ici il faut employer le nom d’ERYM pour Ex République Yougoslave de Macédoine, s’il vous plait…) est une région très montagneuse et ses routes vont nous offrir quelques 500 kilomètres de virages. La prudence est tout de même de mise, malgré des pneus très routiers ici le bitume est particulièrement lisse et glissant… Gare à l’excès d’optimisme sur la poignée de gaz et sur les trajectoires ! Mais on est pas venu pour faire la course… Plutôt pour s’en mettre plein les yeux !

 

 

Il ne restait plus qu’à se trouver un petit coin tranquille pour bivouaquer et la Grèce laisse l’embarras du choix… Partout il y a des champs, des vergers, des lacs… Il suffit de choisir suivant l’humeur du moment:

« Bonjour messieurs… Vous désirez ? »

« Une chambre avec vue et une piscine privée ! »

« Bien sûr, on tout ce qu’il vous faut ici ! La piscine est assez grande ? Et la vue vous convient ? »

Avec un ciel aux milles étoiles ma tente concourt pour le titre de plus bel hôtel du monde

 

 

J’aurai bien passé toutes mes vacances au bord de ce lac mais l’aventure n’attend pas… Il faut reprendre la route !

Après une brève halte à Igoumenitsa, ville de transit et sans intérêt, nous mettons le cap sur l’Albanie. On retrouve ces routes défoncées « à la bulgare » que l’on aime tant, avec ces conducteurs qui roulent n’importe comment (et ivres surement) et des « pièges » qui pimentent la journée d’un motard. « Attention une pierre ! » Ici les rochers marchent sur la route et se jettent sous vos roues pour vous faire tomber !

 

 

A peine sortie de la dictature (1991) le pays s’ouvre peu à peu et développe une économie touristique. Les hôtels tout neufs se multiplient sur la côte, tout comme les bars et restaurants pour touristes. Sarandë en est l’exemple type, une cité balnéaire qui n’a rien à envier à Palavas les Flots ! Avec une eau plus claire, mais tout aussi beauf… Vu qu’on cherche quelque chose de plus « typique » on ne s’attardera pas…

 

 

La route de la côte est absolument sublime, très sinueuse et offrant un panorama constant sur une mer Adriatique bleu turquoise… En gros comme en Croatie mais avec moins de voitures et  de camping-cars ! On nous a conseillé la route du parc de Llogara (on se croirait en Catalogne !), les virages y sont digne des meilleurs cols alpins mais avec la vue sur la mer… What else ?!

 

 

Pour finir en beauté une journée de moto il faut trouver un bon spot de bivouac, et là encore on va avoir du flair. Après quelques détours et autres errances ont atterri aux abords d’une ferme, où un vieille homme nous accueille à bras ouvert. On lance la conversation, bien sûr on ne comprend rien, lui non plus… Mais il est mort de rire de nous voir avec nos grosse bécanes et nous propose de le suivre dans son champ d’olivier ! Le camping « à la ferme » parfait, gratos et avec une magnifique vue sur la campagne albanaise… Que demande le peuple ?!

 

 

Le lendemain nous quittons la côte pour retrouver les montagnes et l’arrière-pays, finalement plus authentique. Les routes sont peu nombreuses, du coup le trafic peut y être important et la progression est terriblement lente… Dans les Balkans les kilomètres sont vraiment plus long qu’ailleurs ! Mais ça vaut le coup, une fois que l’on se débarrasse des camions on se retrouve face à ça: le lac Ohrid ! Le plus profond des Balkans, un des plus vieux du monde et certainement une des attraction majeure de la région. Vu les prix des restos je conseille vivement de s’y arrêter pour y déguster ses poissons !

 

 

Vu qu’il fait beau, et qu’on à la tête à enquiller des bornes, on se décide à faire un détour par la Macédoine pour rejoindre le nord de l’Albanie… Un imprévu qui va nous prouver que, parfois, l’improvisation a du bon !

Le « rallongi » macédonien est un pur bonheur ! Une sublime route qui serpente au fond d’une vallée verdoyante, au fil d’une paisible rivière… C’est beau et ça facilite la digestion ! Si on avait su on aurait prévu une boucle plus longue en Macédoine… Mais il faut bien avoir des projets pour d’autres voyages !

 

 

On quitte à regrets ce pays qui a tout à offrir aux motards, mais finalement le nord de l’Albanie n’est pas moins intéressant ! Entre Peshkopi et Kukës il y a 75 kilomètres copieusement garni en virages, et avec un bitume étrangement correct pour le pays ! C’est tellement bon de pouvoir enchaîner les bornes sur un rythme soutenu (voir sportif !) sans craindre de mettre la roue avant dans un trou, percuter une charrette… On en oubli presque les pauses touristiques ! Bon il faut dire qu’il n’y a pas grand chose à voir non plus dans cette région isolée… Si ce n’est des beaux paysages…

 

 

Nous voila à Kukës, ville frontalière avec le Kosovo et marquée par la récente guerre et l’afflux massif de réfugiés… Ici on est bien loin des richesses de la côte, pas bling-bling, pas d’hôtels de luxe ni de gros 4×4… Vu que l’orage menace nous allons nous prendre une piaule dans le seul hôtel du bled. Ce ne sera pas une soirée riche en rebondissement, malgré nos efforts pour trouver quelque chose à faire il ne se passe absolument rien dans le centre-ville, à croire qu’il y a un couvre feu ! Tant pis, on profiteras quand même de dormir « en dur » pour une fois, en faisant nos lessives, nettoyage du matos…

Vu qu’on a pris pas mal de retard sur le « planning » il nous faut faire le choix de quitter le pays par l’autoroute, quelque chose qui pourrait faire penser à une étape ennuyeuse… Mais en fait pas du tout ! Il n’y a rien de plus drôle que l’autoroute en Albanie, entre les mecs qui font du stop sur la BAU, les bus qui s’arrêtent au milieu de la voie de droite, les troupeaux qui traversent, les motoculteurs bidouillés… On a même droit à un type en trans-palette qui « cruisait » à 10 km/h au milieu des voitures lancées à pleine vitesse ! Le mec le plus OKLM du monde (comme disent les jeunes) !

Malheureusement l’étape Albanaise prend fin, et nous passons la frontière du Monténégro où les kilomètres semblent encore plus long… En planifiant l’itinéraire je pense avoir fait preuve d’inexpérience concernant les Balkans. Ici les moyennes horaires sont très faibles, et entre les pauses photos, tourisme, essence… Difficile de faire plus de 300 kms dans la journée !

Nous longeons le lac Shkodra par le sud, sur une petite route à flanc de montagne absolument incroyable ! On avance pas, cela commence à devenir pénible sur la moto après autant d’heures passées sur la selle… Mais le jeu en vaut largement la chandelle… Comment se plaindre alors que l’on passe nos journées à contempler des paysages comme ceux là ?

 

 

Tous ces virages nous font prendre un retard monstrueux, j’avais prévu que l’on dorme sur Kotor alors que l’on a déjà du mal à rejoindre le parc du Lovcen, qui est connu pour avoir le plus beau panorama sur la crique de la ville. Une fois dans la montagne on se dit qu’il est trop tard et qu’il vaut mieux camper ici et avoir le temps de profiter de tout ça le lendemain…

On se trouve donc encore un coin sympa pour établir le bivouac, un petit feu de camp, un tarp bien tendu… Encore une fois on s’installe confortablement !

 

 

Une soirée des plus agréable et une nuit cauchemardesque… Un orage fini par éclater et des trombes s’abattent sur la toile, difficile de fermer l’œil dans ces conditions ! Entre le bruit et le pénible sentiment que la tente va s’inonder je passe une nuit affreuse… Et le réveil est encore pire quand il faut sortir sous la pluie et plier un camp détrempé… La seule satisfaction est le tarp, qui au moins nous aura permis de prendre un petit-déjeuner à peu près correct avant de reprendre la route…

L’étape se devait d’être difficile tout de suite… Je ne fais pas 20 mètres que je me vautre dans les broussailles en glissant sur la boue… Bloqué sous la moto, dans un buisson et juste après mon petit-déj… J’adore… Mes moments préférés dans un voyage ! Sylvain vient à ma rescousse, la journée n’a pas encore commencé que l’on est déjà trempé et recouvert de boue… Le top !

Le plus décevant encore c’est la vue sur les Bouches de Kotor… On ne voit rien à cause du brouillard… Mais bon, sur un voyage aussi long il y a forcément des déceptions dues à la météo… Ce n’est pas quelque chose qu’on maîtrise ! La route a l’air extraordinaire, mais il faudra y revenir pour en profiter réellement.

 

Cette météo pourrie nous suit jusqu’en Bosnie, dernière étape du périple. La pluie et le mauvais temps nous gâchent les étapes touristiques donc nous décidons de ne pas trop nous arrêter et continuer coûte que coûte en espérant « doubler » ces nuages. Une course d’endurance contre la flotte, le brouillard et le froid… La seule chose qui nous tient en vie c’est le café ! Et à 30cts la tasse on ne va surtout pas s’en priver !

Aux alentours de Jablanica nous trouvons un spot improbable pour dormir, face à une usine abandonnée (ou en construction depuis 20 ans, on ne sait pas trop…). Nous sommes aux abords d’un petit village que notre présence n’a pas l’air de déranger… On rigolera juste le lendemain en entendant des gamins tourner autour de la tente en criant… En fait ce terrain vague est la cour de récré de l’école ! Le petit déjeuner vire au spectacle pour tous ces gamins médusés par les motos et notre matériel de camping, mais c’est loin de nous déranger… Au contraire on préfère ça que la pluie !

 

 

Le voyage devait se terminer par la visite des lacs de Plitvice mais il pleut des cordes… Alors on oublie la Croatie et on attaque la longue et pénible route du retour… Slovénie, Italie… Une dernière étape de 900 kilomètres et 14 heures de moto finira d’aplatir nos fessiers pour l’éternité !

Finalement ce roadtrip aura été très long, avec des étapes à rallonge et assez peu de temps à consacrer au tourisme… Mais j’ai maintenant une bonne idée globale des Balkans, avec des projets plein la tête pour de futurs départs… Bosnie, Monténégro, Albanie… Il me faudra absolument y retourner pour explorer en détails tous ces pays… Vivement que je reparte en voyage !

4 réflexions au sujet de « La Conquête de l’Est – 4 – Retour par les Balkans »

  1. Renaud dit :

    Pourquoi partir avec ces pachydermes coûteux pour un tel voyage?

    Pour le prix d’une révision de la GS vous avez une Transalp 600 légère et fiable et c’est plus raccord avec le mode bivouac.

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    • xt1200z dit :

      Vrai… Si on part du principe que la moto ne sera utilisé que pour le voyage… Or ce n’est pas le cas, Sylvain et moi n’avons pas de voiture en France, nous faisons tout avec nos trails des courses de tous les jours, trajets boulot, autoroute, les randos tout-terrain du weekend et les voyages 😉 Après c’est un choix, j’ai eu des 600 monos mais je préfère rouler sur des grosses, même si c’est plus lourd dans les chemins…

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  2. drix dit :

    Hello,

     

    Très beau compte-rendu, et des photos magnifiques. Au top les gars!

    Petite question: vous êtes vous senti en insécurité au cours de ce voyages? Hormis l’anecdote de l’abri bus criblé de balles.

    J’envisage un tel voyage pour cet été, mais mon compagnon de route habituel ne pourra se joindre à moi, du coup je me demande si c’est faisable seul.

    De plus les pneus mi TT mi route sont-ils a privilégier ou bien des pneus routes suffisent.

     

    V a vous et continuez comme ça.

     

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    • xt1200z dit :

      Salut, tout d’abord merci pour les compliments 😉
      Pas de soucis de sécurité en Europe de l’Est, pas plus qu’en France en fait. C’est largement faisable seul, d’ailleurs je voyage quasiment tout le temps seul, et nous avons fait ce road-trip en pneu route… Donc ça passe.

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