Au moment de choisir une destination de voyage moto on cherche à maximiser le plaisir sur la route, limiter les routes ennuyeuses, les autoroutes, le manque de relief… Du coup on se demande où aller pour ne voir que des virages pendant 15 jours, et la réponse c’est les Alpes bien sûr !
Il suffit d’aller sur Wikipédia pour s’en convaincre:
« Italie, sud-est de la France, Monaco, Suisse, Liechtenstein, Autriche, sud de l’Allemagne et Slovénie »
« Les cols de montagne dépassent souvent les 2 000 m d’altitude »
« Une barrière de 1 200 km entre la Méditerranée et le Danube. »
Je fixe donc un itinéraire de 4500 kilomètres à travers 5 pays via les plus hauts cols routiers d’Europe, qui dit mieux ??
Pour mon deuxième voyage j’ai décidé de partir avec mon pote Clément (pilote « haut en couleur » d’une Yamaha XJR 1300) à qui je voulais montrer ces régions que j’avais survolé lors de mon trip en Croatie. On fixe un itinéraire qui emprunte un maximum de cols, d’abord en France puis la Suisse, l’Italie et les Dolomites, l’Autriche et la Slovénie que je veux absolument redécouvrir.
Pour l’hébergement nous ferons tout le voyage en utilisant le site Couchsurfing, un site communautaire où les membres proposent d’héberger gratuitement les voyageurs de passage. Un très bon moyen pour rencontrer des gens, découvrir la culture d’un pays, sa gastronomie, faire de belles rencontres… Et sans plomber le budget du trip !
Les premiers kilomètres seront fait en solo… Briançon, col du Galibier, Iseran… Clément doit me rejoindre vers Bourg Saint-Maurice.
Déjà une première galère, Clément ne pourra pas me rejoindre à Bourg Saint-Maurice car la XJR « gigote » du train arrière et il s’est arrêté en catastrophe dans un garage à Genève… Nous sommes donc à l’arrêt pour quelques jours, hébergés chez un pote et en attente d’un diagnostic… Le doute s’installe donc, quand va t-on repartir ? Aura t-on le temps d’aller jusqu’en Slovénie ??
Finalement on est vite fixé, le problème est tout bête (une entretoise trop courte dans le bras oscillant…) et au bout de deux jours nous reprenons la route ! Malheureusement pas de cols du Petit et Grand Saint-Bernard… On rattrape le temps perdu le long du lac Léman et sur la nationale (affreuse) de Sion, Brig…
La route suisse est d’un ennui mortel… C’est limité à 80 km/h et avec le trafic c’est très compliqué de doubler ! Il faut donc prendre son mal et patience et se dire qu’il y aura des jours meilleurs…
Mais mon plaisir de la journée c’est quand même de regarder mon pote rouler sur sa XJR surchargée. Clément est un mec globalement désorganisé, qui ne se pose pas trop de questions et qui ne se prend pas la tête… Du coup pas de réflexion sur la façon de charger sa moto, sur le choix du matériel… Tout mon contraire en quelque sorte ! Dans ma Ténéré tout est bien rangé, organisé, pesé, mesuré… Lui il a une XJR sur laquelle il semble transporter toute sa maison, dans des sacoches souples mal fixées et prêtes à craquer de matériels dont il n’aura pas l’utilité, les housses de pluies sont rafistolées avec du scotch,… Bref plus à l’arrache tu meurs ! Mais tant que ça roule moi ça me va…
Nous ferons halte à Brig pour la nuit avant d’attaquer les choses sérieuses… Le lendemain les conditions météo se corsent, il va pleuvoir toute la journée, il fait froid… Clément voulait « barouder » il va être servi !
On ne lésine pas sur les moyens: vêtements de pluies, housses étanches pour les sacoches, gilet fluo pour être vu le brouillard… Il fait un froid polaire alors qu’on est en été (début septembre) et la journée promet d’être longue ! Le seul point positif est que les routes des cols sont désertes avec cette météo, ça va nous changer !
D’abord le mythique col de la Furka (2429m), au plus près de la source du Rhône et de son glacier. Le fleuve n’est ici qu’un tout petit torrent de montagne, difficile de croire qu’il finira par devenir un des plus gros d’Europe ! Le brouillard nous gâche quelque peu la vue mais tant pis… On se marre quand même sur la route !
L’expédition « polaire » se poursuit par les cols de l’Oberalp (2044m) et du Julier (2484m) où on ne s’attarde pas à cause de la neige. On est congelé et l’équipement « original » de Clément prend l’eau de tous les côtés.
On se réfugie grelottant dans Saint-Moritz, la station de ski des (très) riches. Voitures de luxes, grands hôtels, boutiques Rolex, Cartier,… C’est un autre monde et certainement pas le notre ! Ici pas de bistro, pas de PMU… Il faudra il faudra se contenter du restaurant d’un hôtel pour se réchauffer. Nous sommes à peine entré que tout le monde nous dévisage… Il faut dire qu’on est trempé, dégueulasse, on fout de l’eau partout… La panique chez les bourgeois ! On pousse leurs vestes sur les portes-manteaux pour faire sécher nos vêtements de pluie, la table où on s’installe est bonne pour la décontamination et les serveurs semblent nous prendre pour des pestiférés… Mais qu’importe, ça nous amuse pas mal d’emmerder la haute bourgeoisie suisse !
Le seul truc qui n’est pas drôle c’est la note… 19€ pour deux cafés ! C’est confirmé on ne prendra pas de chambre pour la nuit ! Mais ça tombe bien on a un plan gratuit: Christian, un couchsurfer allemand, nous attend dans son chalet à Poschiavo. Ambiance détendue autour de quelques bières, on parle bécane, voyages… Et on étend toutes les affaires de Clément dans la baraque pour les faire sécher… Duvet, vêtements, sacoches,… Tout est trempé !! Une technique de Christian pour les gants en cuir: le four ! Rien de plus simple et efficace, au moins Clément ne repartira pas trempé le lendemain car l’itinéraire prévoit du lourd… Le col du Stelvio !
raaa excellent ! ça c’est du bon trip entre pote