La Slovénie est la partie la plus orientale de l’arc alpin, partagée entre Europe centrale et Balkans c’est aussi un carrefour culturelle important. Lors de mon précédent voyage je n’en ai vu qu’une partie, dans la tempête, et il me fallait absolument y revenir pour découvrir ce pays qui réserve beaucoup de surprises pour les motards et apprentis aventuriers que nous sommes !

Pour y aller nous choisissons de passer par l’Autriche et la route 111 qui longe la frontière au sud. Un itinéraire viroleux à souhait traversant des villages authentiques (dans le plus pur style tyrolien) comme Sant Lorenzen im Lesachtal qui est en pleine fête religieuse. La population est réunie aux abords de l’Eglise en tenue traditionnelle et nous assistons à cette scène en « extra-terrestre » avec nos équipements de motards, une sorte de voyage dans le temps. Ici tout est calme, serein, on roule au ralenti pour profiter de l’ambiance…

La frontière avec la Slovénie est franchie via le Wurzen Pass, un col de faible altitude (1,073 m) mais avec une pente de 18% ! Autant vous dire qu’il ne faut oublier de remettre du gaz en ressortant des épingles !

L’arrivée à Kranjska Gora, petite station de ski des alpes juliennes, est tout simplement magique… L’architecture des villages est moins rude qu’en Autriche, il y a plus de couleur, de chaleur, et les paysages sont sublimes. Nous avons face à nous le Triglav, la plus haute montagne (2 864 m) du pays, emblème et fierté nationale pour les slovènes. Nous sommes en plein cœur du parc national du même nom, 800 km² d’une nature partout préservée, il faudrait des semaines de trips pour en voir tous les recoins, lacs, rivières… Ici l’eau est plus claire que partout ailleurs, cela surprend, sa couleur va du turquoise à l’émeraude et quelques fois le décor est tellement parfait qu’il fait presque faux ! Trop beau pour être vrai !

Nous faisons une pause au bord du lac de Bled, une des principales destinations touristique du pays avec son île surplombée d’un château qui semble tout droit sorti d’un conte de fée.

C’est quelque chose d’incontournable quand on voyage en Slovénie mais l’endroit manque quelque peu d’authenticité, il y a trop de monde, c’est trop construit… Bref, à voir mais pour le plaisir de la moto mieux vaut s’attarder en campagne. Les routes sont sinueuses et généralement en très bon état avec bien souvent des glissières de sécurité doublées pour protéger les motards (merci le gouvernement slovène ! Si ça pouvait donner des idées à certains…).

Ljubljana (la capitale) sera l’occasion de prendre un premier cours de prononciation. Nous sommes perdu (pas de GPS), aucune idée des directions à suivre et encore moins de la façon de prononcer notre destination: Kočevje. On interpelle les gens dans la rue, tout le monde y met de la bonne volonté mais impossible de comprendre où on veut aller… On ne sait plus trop si on doit s’agacer ou éclater de rire… On choisira la seconde option, après tout on a le temps de galérer… C’est les vacances ! Une fois que l’on a compris comment prononcer « à la slovène » tout est plus simple.

« Bonjour, on cherche la direction de Kotchéviyé svp »

« Ok c’est tout droit direction Zagreb, puis à droite vers Novo Mesto… Vous en avez pour une heure »

Merci m’sieur mais une heure c’est un peu short, on a rendez-vous avec Polona (notre hôte couchsurfing) dans 40 minutes… On ne va donc pas faire dans la dentelle, plein gaz vers Kočevje et tant pis pour les limitations de vitesses… Les slovènes n’ont qu’à bien se tenir, les français débarquent !

Polona nous accueille à bras ouvert, l’hospitalité de couchsurfing dans toute sa splendeur. Ce soir là nous testerons le vin bio et la charcuterie locale en refaisant le monde… Décidément je ne comprends pas bien le principe de l’hôtel, couchsurfing c’est gratuit, l’assurance de ne pas s’ennuyer et surtout de découvrir la culture des pays traversés sans le filtre du tourisme. What else ? En plus on nous donne tout un tas de conseils sur les routes à prendre, les choses à voir… Mieux qu’un tour operator !

Le lendemain, sur les conseils de notre amie, nous prenons la direction de la frontière croate pour longer la rivière Kolpa. Un itinéraire forestier sympathique en plein territoire des… Ours !

Cette région slovène est réputée pour accueillir de nombreux ours, les forêts étant particulièrement denses et protégées. Selon les locaux on en aperçoit souvent et il est fortement déconseillé de camper… Tu m’étonnes…

Mais, si on oublie le fait que l’on pourrai se faire dévorer par un ours, le coin a tout pour plaire. La route sinue tranquillement le long de la rivière, il y a quelques vieux villages typiques… On est plongé dans une Slovénie authentique, rien à voir avec Bled !

Il y a même quelques surprises pour Clément… Sans la moindre indication on se retrouve régulièrement sur des routes non goudronnées, à croire que ça amuse la DDE d’oublier le bitume ! Perso je m’en fous un peu sur ma Ténéré, mais pour la XJR c’est moins drôle ! Je lui avais promis un voyage 100% routier, il doit se dire que je me suis bien foutu de sa gueule…

Pour manger on se rabat sur le seul truc d’ouvert, un resto routier à Črnomelj (à prononcer Tchernomelyé, ou un truc comme ça…). Un temple de la gastronomie avec son cochon à la broche et son verre de vodka moins cher que le café… Bienvenue dans les Balkans, ici on mange copieux, on boit bien… On sait vivre quoi !

Après une dernière soirée en compagnie de Polona il nous faut prendre (malheureusement) la route du retour. Une étape partagée entre bonnes idées et égarement…

Bonnes idées comme les gorges sinueuses de l’Idrijca, les montagnes de Sodražica,.. L’égarement quand tu penses qu’il faut faire confiance à ton intuition alors que tu pourrais te contenter de suivre l’itinéraire prévu… Au lieu de ça tu impose des séances de tout-terrain à ton pote en XRJ ! En Slovénie il faut être conscient que dès que l’on sort des routes principales on ne sait jamais trop si le goudron va suivre ! En plus rien n’est indiqué, maintenant on peut en rire mais sur le moment Clément ça l’amusait moyennement de faire le con dans les cailloux avec sa routière…

Mais on est quand même pas trop mal dans la campagne slovène…

A force de persévérance nous sommes retourné dans le parc national du Triglav, et plus exactement à Tolmin. Ici s’écoule la Soča qui est considéré comme la plus belle rivière slovène avec son eau vert émeraude. La route s’annonce des plus excitante, Kobarid, Bovec… Et en point d’orgue le col du Predil pour rentrer en Italie…

En attendant on profite d’une dernière pause en Slovénie pour déguster un Cockta, marque de cola créé pendant l’ère de la  Yougoslavie socialiste pour remplacer le Coca-Cola capitaliste. Un truc bien chimique, pas terrible… Mais pour moi ça a le goût des vacances !

Le retour sera long et fastidieux à travers l’Italie du Nord… Cela laisse le temps de réfléchir au prochain voyage… Et si je partais plus à l’est ?