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Michelin Anakee Wild – Test Longue Distance – Wild Balkans Tour 5

Après la longue et difficile « étape de Theth » je ressens le besoin de faire un petit break dans le voyage. Faire moins de bornes et profiter un peu plus de mon immersion dans les Balkans… Un voyage n’est pas un rallye-raid où l’on avale un maximum de kilomètres sans se retourner, il y a aussi les découvertes, les rencontres… Et il faut prendre le temps d’apprécier ces moments.Mon étape dans les alpes albanaises s’est avérée bien plus physique que prévu et le réveil est donc plus tardif et difficile que d’habitude. A ma plus grande surprise je retrouve Iris et Niels (pour ceux qui n’auraient pas suivi: Iris and Niels) qui ont passé la nuit dans le même camping. Nous partageons donc le café et le petit-déjeuner ainsi que nos expériences de voyages. Ils se dirigent vers le Monténégro, moi aussi (avant de découvrir le Kosovo) et il ne serait pas impossible que l’on se retrouve encore sur la route !

Mes amis du jour se lancent bien avant moi sur leurs Honda 110cc hors d’âge, je mettrai un peu plus de temps car j’en ai un peu marre d’être tenu par les impératifs kilométriques des étapes… Aujourd’hui je le fais à mon rythme !

Je pars donc en fin de matinée, et quitte définitivement les rives du lac de Shkodra pour la route SH20 qui mène au Monténégro et à la frontière kosovarde. Enfin, je parle de route mais je devrais plutôt dire « circuit » tant le tracé des virages et le bitume semblent sortir d’une course de Moto GP ! Cela parait même invraisemblable pour l’Albanie, un pays où l’on est plus habitué à voir des axes routiers défoncés. Ici ça sent le neuf… Et le cale-pied rapé !

Au sommet du col je retrouve mes hollandais en mobylette qui profite d’une vue impressionnante et vertigineuse sur toute la vallée. Nos retrouvailles sont une nouvelle fois le fruit du hasard, et celui-ci fait bien les choses car nous pouvons partager un pique-nique improvisé au bord de ce panorama grandiose. Des motards allemands et des touristes américains se joignent à nous pour discuter et partager nos expériences sur l’Albanie… Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas autant parlé dans une journée !

 

 

 

 

Avec Iris et Niels nous décidons de rouler ensemble pour le reste de la journée, je les suis dans les descentes… Et les double dans les montées, parce qu’avec 9 chevaux fatigués dans le moteur ils ont quand même quelques difficultés à gravir les cols !

Le bitume fini par nous abandonner et la fin de la route se fera sur de la terre jusqu’au poste frontière. Aucune difficulté particulière, cela demande beaucoup moins de concentration que pour Theth et derrière les deux « brêles » je peux profiter du paysage !

 

 

 

 

Les environs sont truffés de bunker désaffectés, signe de l’ancienne dictature communiste qui a isolé le pays pendant près de 50 ans. On se demande bien ce qu’ils surveillaient, leur positionnement et leur taille parait ridicule… Surtout que personne n’a jamais pensé à envahir l’Albanie !

 

 

Sitôt entré au Monténégro je pensais que nos routes allaient se séparer mais la frontière entre Plaj et Pëjë (Kosovo) est fermée… Apparemment pour des raisons de tensions politiques selon les locaux. Cela m’impose un détour de 60 kilomètres et c’est un peu trop tard pour se lancer la dedans. Iris et Niels me propose donc de me joindre à eux pour bivouaquer et partager un bon repas tous ensemble.

Nous entamons donc la recherche d’un coin tranquille pour planter le camp. Notre équipage improbable zigzague dans la campagne monténégrine, au gré des chemins et de l’inspiration… Jusqu’à trouver l’endroit rêvé : un petit coin d’herbe bordé par deux petits ruisseaux avec vue sur la forêt… Calme, beauté et praticité… Que demander de plus ?

 

 

Iris va m’impressionner en nous préparant ce que j’appellerais un « pot-au-feu-de-camp » délicieux avec les moyens du bord. Un festin de roi et une belle nuit passée à contempler la nuit… Certains paient des fortunes pour dormir dans des 4 étoiles, moi pour pas un LEK j’ai toute la voie lactée pour faire de beaux rêves… Elle est pas belle la vie d’aventurier ?!

Le lendemain chacun reprends sa route, je laisse mes amis rencontrés par hasard quelques jours auparavant sur leur chemin qui doit les ramener au Pays-bas après avoir traversé la moitié du globe pendant plusieurs années. Cette étape « en équipe » fût une bouffée d’oxygène dans mon voyage solitaire et je repars gonflé à bloc vers le Kosovo.

 

 

 

Avant ça je traverse de sublimes régions montagneuses avec notamment des stations de ski vers Rozaje. Les routes sont incroyablement bonnes pour les Balkans et je me régale d’envoyer un peu de « rythme », ce qui est plutôt rare dans ce genre de voyage.

La frontière du Kosovo est relativement vite passée, le plus long consistant à acheter une assurance obligatoire car les cartes vertes françaises ne fournissent jamais de couverture pour ce pays. Mon passage sera éclair ici, mais j’en ai quand même pour 10€ alors que je ne vais rouler qu’une journée… Et à ce prix là je ne sais pas même pas à quel niveau je suis couvert !

Rouler au Kosovo n’a rien de plaisant, le trafic est anarchique, dense, et au niveau des paysages le pays souffre de la comparaison avec ces voisins. Il n’y a rien de particulier à voir, c’est plat, les villes traversées sont mornes, sales, il y a des industries délabrées partout… Bref, difficile d’être emballé… Je décide donc de ne pas m’attarder et de traverser tout le pays dans l’après-midi.

En fin de journée je passe enfin la frontière avec la Macédoine, du côté de Tetovo. La banlieue de cette grande ville ne m’inspire rien de bon et les locaux rencontrés ici et là m’invitent à ne surtout pas camper car les environs ne sont absolument pas « safe ». De toute façon la nuit tombe, je suis perdu… Je n’ai pas envie de camper comme un misérable dans une zone industrielle donc je vais plutôt me trouver un petit motel pour la soirée.

La découverte de la Macédoine attendra le lendemain, de jour et avec le soleil, même si je ne passerai que quelques heures dans le pays. J’y reviendrai dans quelques jours, aujourd’hui n’est qu’un petit détour pour retourner en Albanie. Mais la région de Debar mérite bien que l’on s’attarde un peu, elle se prête très bien à la pratique de la moto avec notamment la traversée du parc national de Mavrovo.

 

 

 

 

j’ai à peine le temps de profiter des paysages que je suis déjà en Albanie, dans la région de Peshkopi plus exactement. La ville est moche, délabrée… Pas franchement l’endroit rêvé pour faire du tourisme mais je m’arrête quand même dans une pizzeria pour reprendre quelques forces. Le gérant parle anglais et reste un petit moment à discuter avec moi, cela fait du bien de parler avec des gens vu que je passe le plus clair de mon temps seul sur ma moto ! La pizza sera délicieuse et copieuse, comme on sait les faire dans les Balkans, et ça va être compliqué de rester concentré sur la route avec le ventre aussi plein !

 

 

 

 

 

Je prends la direction de Kukës et découvre avec joie que depuis mon dernier passage (2013) ils ont complètement refait le revêtement ! Le goudron est un billard, et avec tous ces virages c’est vraiment un régal de faire de la bécane. D’ailleurs les Wild s’adaptent parfaitement à la situation, fini les sensations désagréables du début… Maintenant je ne fait même plus attention à eux ! Je penche jusqu’à faire frotter les cale-pieds, je freine sans arrière-pensée… Bref on se sent en sécurité avec ces pneus et c’est le plus important en voyage !

De nombreux monuments à la gloire de la résistance albanaise jalonnent la route, et les pistes qui sillonnent les montagnes permettent de jongler entre terre et bitume… Pour le plus grand plaisir des motards en trail !

 

 

 

 

Juste avant Kukës je fais une pause dans une station service déserte pour boire le café. Un petit jeune sympa tient la pompe et m’accompagne pour un petit expresso (rare dans le coin !). On parle moto sans trop se comprendre mais j’apprécie le contact facile que j’ai avec les albanais. Malgré la barrière de la langue, ils n’hésitent pas à me questionner, à me parler de leur région, leur pays… J’en apprend toujours un peu plus et cela brise la solitude du voyage. Ce jeune est tellement sympa qu’il ne veut même pas que je paie mon café… Un bel exemple de l’hospitalité albanaise !

Kukës est toujours aussi morne et pleine de surprises… Il manque la moitié des bouches d’égouts dans le centre-ville alors attention où on met les roues ! Comme il n’y a rien à voir je préfère ne pas m’attarder et filer tout droit vers le nord et le lac artificiel… Une route sublime en fait le tour, tantôt au bord de l’eau, puis dans les montagnes et la campagne qui longe la frontière du Kosovo… Les paysages sont à couper le souffle, avec ces grand plateaux pelés on se croirait sur le Larzac…

 

 

Tout près de Bajram Curri, je m’arrête dans un champ pour bivouaquer au calme… Face à moi s’élèvent les alpes albanaises, je crois que j’aurai pas pu trouver mieux pour planter ma tente…

 

 

 

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