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Michelin Anakee Wild – Test Longue Distance – Wild Balkans Tour 4

Avec mon arrivée en Albanie, l’aventure monte d’un cran en intensité et en difficulté. Fini les petites routes paisibles du Monténégro, ici les pistes promettent d’être éprouvante surtout après 10 jours d’intempéries… Je vais aller voir ce que valent réellement ces Wild sur la route de Theth, dans les sommets des « alpes albanaises » qui réservent tant de surprises aux voyageurs…

Mais avant de partir il faut planter le décor… Me voilà dans la banlieue de Shkoder, au Lake Shkodra Resort, un camping ultra luxueux et confort qui sert de camp de base à tous les voyageurs/aventuriers de passages. Si les environs sont globalement moches et sales, le site du camping est un havre de paix avec tout ce qu’il faut pour contenter les baroudeurs: douches propres, restaurant « paillote » en bord de lac, wifi… Tout est fait pour se reposer efficacement avant d’attaquer la route de Theth.

 

 

 

Sur place je rencontre des motards allemands, des 4×4 hollandais, des polonais qui traversent l’Europe en trottinette et… Un couple de français qui débarque d’Orange avec leur bécanes ! C’est l’occasion de discuter un peu dans ma langue maternelle, et d’échanger des bons plans pour le voyage. Ils ne viennent pas pour Theth, et ne roule pas trop en tout-terrain, ils veulent surtout découvrir les Balkans dans les grandes largeurs et j’ai quelques tuyaux touristiques à leur refiler.

Tout le monde me dit que la route qui m’attend est très dure, exigeante… Et que je n’aurai pas assez d’une journée pour la faire. Mais j’ai prévu une boucle avec un retour au camping, pour rouler plus léger, et le nombre de kilomètres ne me semblent pas délirant (150) pour une étape journalière… Soit ils exagèrent, soit c’est moi qui sous-estime la situation ! Mais je préfère en rire et dire à mes amis français « si demain soir je ne suis pas rentré… Appelez la police ! ». J’espère ne pas tenter le sort en disant cela…

Theth est un minuscule village du nord de l’Albanie, perché au cœur des montagnes et réputé pour les sentiers de randonnées qui en partent et sa fameuse route qui attire les passionnées de tout-terrain. C’est donc l’endroit idéal pour découvrir l’Albanie profonde même si tout le monde me le déconseille ! Apparemment les dernières intempéries ont ravagé cette piste et certains se demandent même si c’est praticable… On verra bien…

Je commets déjà quelques erreurs: partir trop tard après une grasse matinée et sans nourriture… Je me dis que j’en trouverai sur place mais ce n’est jamais une bonne idée. J’embarque juste quelques outils, un peu d’eau et ma carte routière… Le reste est superflu !

Les premiers kilomètres sont paisibles, entre champs d’oliviers et d’herbes aromatiques… Je croise une supérette mais pas de nourriture pour se faire un pique-nique, j’achète juste un paquet de biscuits sans trop d’idée… Puis la route vire au circuit avec un enchaînement de virages absolument délirant et un bitume presque trop parfait pour le pays !

 

 

 

 

Mais ce genre de route ne dure jamais longtemps en Albanie, et de toute façon je suis venu chercher quelque chose de plus… Typique dirons nous ! Alors au détour d’un virage, et sans transition, on tombe sur ça… Bienvenue à Theth, là où les ennuis commencent…

 

 

 

La première partie de 15 kilomètres jusqu’au village est plutôt facile, relativement bien terrassée et accessible pour tous types de véhicules. D’ailleurs cela me donne l’occasion de me moquer de certains touristes albanais qui empruntent cette piste avec des voitures invraisemblables… Le local aime les belles bagnoles et dès qu’il a un peu les moyens il flambe en achetant le modèle le plus luxueux qu’il trouve. Pourquoi pas, c’est un plaisir comme un autre… Mais quand on se retrouve en balade dominical avec sa famille dans son Audi A8 (véridique !), Bmw M5, j’en passe et des meilleurs… Et bien ça devient risible ! Mais l’albanais ne recule devant rien, pas même si il doit flinguer son pare-choc, ses jantes, ses amortisseurs… Sur sa voiture qui coûte trois fois le prix de sa maison ! En tout cas ça m’aura bien fait rire… Mais quelle idée ?!

Juste avant mon arrivée à Theth, je rencontre deux motards un peu étrange sur le bord de la route… Intrigué par leurs mobylettes je m’arrête pour engager la conversation. C’est comme ça que je fais la connaissance d’Iris et Niels, un couple de néerlandais qui a entamé une sorte de tour du monde depuis l’Australie pour rentrer jusqu’au Pays-Bas via l’Inde, l’Iran… Un voyage de plusieurs années avec des mob’ de facteurs australiens ! Respect, robustesse… Pour lire leur aventures: Iris and Niels

Ils finissent la piste que j’entends prendre aujourd’hui mais ne savent pas trop où ils vont ensuite, donc nous avons pas mal de bonnes infos à se refiler. Et puis comme ce sont des jeunes qui roulent un peu « à l’arrache », comme moi, le courant passe bien. Ils m’annoncent quand même que l’itinéraire est en très mauvais état, mais pas impraticable si j’ai un peu d’expérience en tout-terrain. A titre de comparaison, selon eux la piste est plus difficile que celle d’Ushguli en Géorgie qu’ils ont fait comme moi (Ushguli). Maintenant je sais à quoi m’en tenir, je vais en ch… Comme un russe !

 

 

 

J’abandonne mes amis à leurs aventures pour rejoindre Theth, quelques virages plus bas. Sur place je ne trouve rien d’attrayant, le village semble presque abandonné, pas de commerce, pas de resto… Bref, je n’ai pas vraiment envie de m’attarder mais plutôt de rouler donc je trace ma route vers Shkoder, non pas sans difficulté… En fait la piste n’est indiquée nulle part, et j’ai bien du mal à me faire comprendre des locaux. En fait ils ne comprennent pas où je veux aller, pour eux il n’y a qu’un accès logique pour aller à Shkoder… La route d’où je viens. L’itinéraire secondaire, que je souhaite prendre, à l’air tellement endommagé qu’ils n’imaginent même pas qu’on puisse l’emprunter pour faire une boucle… Ça met en confiance !

Les premiers kilomètres sont plutôt cool, ça remue un peu mais la difficulté principale est plutôt de ne pas se faire écraser par les quelques 4×4 qui arrive à contresens. Pour l’instant je suis une rivière à l’eau cristalline…

 

 

 

La croix bordant le chemin laisse à penser qu’ici on ne peut pas seulement aux capacités du pilote et de sa moto… S’accorder les faveurs des dieux peux aussi être utile… Alors une petite prière à Saint Sauveur des Motards et on y retourne !

 

 

 

 

Il y a quelques moments de doute au niveau de la navigation… Sur ma carte il n’y a qu’une route mais sur le terrain je vois pas mal de croisement donc il me faut choisir la bonne avec un maximum de bon sens… La carte m’indique que mon chemin passe par le « village » de Gimaj, je bifurque donc sur la rive droite de la rivière en suivant le seul panneau que j’ai vu depuis le début. L’état de la piste se dégrade nettement, souvent le revêtement n’est qu’un amas de grosses pierres sur lesquelles on rebondi plus qu’on ne roule… C’est vite épuisant… Et franchement casse-gueule !

 

 

 

Ça commence à devenir n’importe quoi… Si ça doit durer comme ça pendant des heures ça va être l’enfer ! J’arrive enfin à Gimaj, mais la piste est tellement défoncée que j’ai un sérieux doute sur mon itinéraire… Et si j’avais fait fausse route ?

Deux types viennent à ma rencontre, surpris et quelque peu affolés de me voir ici avec ma moto. La communication est difficile avec mon (très) faible niveau d’albanais, mais à force de mime ils finissent par me faire comprendre qu’effectivement cette route ne mène qu’à la perte de celui qui l’emprunte ! C’est bien ma veine… Je perds un temps fou avec ce détour ! En fait la piste est de l’autre côté de ma rivière, ma carte est donc complètement fausse et je n’aurai jamais dû me retrouver dans ce village.

Mes amis d’un instant me conseillent donc vivement de faire demi-tour et d’aller dans le hameau de Locaj, puis de suivre la route tout droit vers Shkoder. Ça parait simple et plus raisonnable…

Heureusement que dans mon malheur j’ai trouvé un peu d’aide, sinon j’aurai pu tourner longtemps dans cette montagne… Mais on ne va pas se plaindre, se perdre ici reste du tourisme…

 

 

 

Une fois arrivé à Locaj je vais à la rencontre d’un vieil homme dans un champ pour lui demander de me confirmer la route à suivre. Celui-ci me rassure et m’encourage vivement à poursuivre dans cette direction, mieux qu’un GPS !

Dans mon errance j’ai complètement oublié que je n’avais rien à manger, et que perdu au beau milieu du trou du cul de l’Albanie ça allait être difficile de trouver quelque chose… Je crois que je ferai sans ! Ça me fait réaliser à quel point je suis loin de tout, et je me demande comment font les gens pour vivre ici… C’est tellement isolé avec une route défoncée et perché dans ces montagnes… L’hiver ils doivent être coupés du monde ! Et en été il faut 2 jours aller/retour pour faire la moindre course, quelle galère ! J’ai vraiment du respect pour ces montagnards albanais, il faut être brave pour vivre ici…

Certains villages ne sont accessible qu’en mule, prière de ne pas y embarquer une 1200 Super Ténéré…

 

 

La route redevient agréable à la conduite, fini la session de trial avec armes et bagages… Je suis une rivière sublime et perdue au plus profond des Alpes albanaises… Cette vue somptueuse justifie complètement l’effort déployé pour arriver là !

 

 

 

Les albanais ont inventé un concept surprenant… Le pont qui s’inonde tout seul !

 

 

Mais le plaisir de flâner en bord de rivière est de courte durée… Fini le tourisme, maintenant la piste prend la direction des sommets et le parcours de santé appartient au passé ! Place à un terrain cassant avec beaucoup de marches, de roches, des pierriers interminables à flanc de falaise avec un dénivelé à vacciner toute personne souffrant de vertige… Deux heures à se faire secouer dans tous les sens avec une boite de vitesse bloquée en première et un ventilateur qui tourne non-stop ! La rando vire à l’épreuve d’enduro, ou à la séance de musculation… Je sais plus bien… Ce dont je suis sûr c’est que je n’ai jamais été autant marqué physiquement pendant un voyage !

A la fatigue s’ajoute la malchance, mes réserves d’eau se sont versées au fond de mes valises… Il faudra donc rejoindre Shkoder sans manger, sans boire, sans gps et sans téléphone (oublié au camping)… Je ne pouvais pas ajouter plus de difficulté !

Heureusement que je ne suis pas du genre à m’inquiéter… Et que la beauté des paysages aident à relativiser… Les panoramas sont sublimes même si ils se méritent !

 

 

Au sommet du col, et appréciant le chemin parcouru, c’est le moment de faire le point sur les pneus… Dans toutes ces difficultés j’en ai presque oublié le test ! Et si ils se sont fait oublier c’est aussi parce qu’ils ont été impériaux malgré tous les mauvais coups que réserve la route ! Certes je n’ai pas eu de passages vraiment gras, mais dans ce terrain pierreux et instable je n’ai jamais perdu en motricité et je n’ai jamais réellement craint de me sortir de la trace… Ce qui est plutôt une bonne chose ! Et tout ça sans avoir à modifier la pression, ce qui est un gain de temps et d’énergie. Merci les Wild d’avoir participé à ma survie !

Il me reste encore a descendre de cette montagne, peu à peu le terrain s’améliore et quelques signes de vie apparaissent… Des maisons, des voitures… C’est l’occasion de discuter avec les quelques personnes que je croisent et qui sont bien surprises de me voir débarquer seul avec ma grosse moto !

Je finis par retrouver le goudron peu avant Shkoder. 5h30 de tout-terrain, dont environ 4h de portions hardcore… J’arrive physiquement mâché au camping, avec les bras qui tremblent encore avec toutes les secousses de la journée ! Mes amis français se sont presque inquiétés de ne pas me voir rentrer ! Il faut dire que je n’avais pas prévu de rouler aussi longtemps, 7 heures au total… Pour à peine 150 kilomètres !

Ce soir, plus que jamais, je vais mériter le repos du guerrier… Et ma pizza XXL au resto !

 

La suite au prochain épisode…

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