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Michelin Anakee Wild – Test Longue Distance – Wild Balkans Tour 8

Autre pays, autres saveurs… Mon voyage m’amène en Serbie pour découvrir un pays que je ne connais que trop peu. Ce sera l’occasion de vérifier que l’hospitalité serbe n’est pas que légendaire, et que le massif des Balkans réserve encore beaucoup de (bonnes) surprises aux motards aventuriers !

Aujourd’hui n’est pas une journée à sortir une moto… Il pleut des cordes et les températures sont quasiment hivernales ! C’est sans regrets que je quitte la Macédoine, le pays ne m’a pas vraiment emballé et je me dirige maintenant vers la Serbie après un rapide passage en Bulgarie.

Je ne sais pas si c’est la météo mais les douaniers serbes sont mal lunés, ou plutôt ils ont décidé de me faire chier (pour rester poli). Je poireaute une demi-heure pour rien sous la pluie… Car oui, quand les douaniers passent tout ce temps avec tes papiers en les lisant en diagonales, en ne regardant pas ta carte verte (pourtant obligatoire), en ne te demandant pas d’enlever ton casque pour vérifier ton identité… Et bien tu as attendu pour rien ! J’aurai pu débarquer avec une fausse carte d’identité et des armes plein les valises s’étaient pareil…

Une fois libéré de ces obligations j’ai enchainé les kilomètres sans trop me retourner ni faire de tourisme… En même temps vu la météo je n’aurai pas pu faire autrement, et c’est dommage tant les routes que j’ai pris avait l’air sympathique ! Viroleuses, entretenues et dans des paysages qui, avec le soleil, auraient été magnifiques ! Mais bon, le destin en a voulu autrement !

Ici le goudron est tout de même extrêmement glissant, comme lissés et lustrés par les années… Je vois les voitures rouler au ralenti pour ne pas décrocher, un exercice idéal pour tester les « Wilds » en conditions routières difficiles. Sincèrement, ils s’en sortent bien tant que l’on adapte sa vitesse. Rouler sur un rythme « dynamique » serait du suicide, mais ça serait pareil avec des pneus plus routiers. Alors je le prends cool, j’écarte les trajectoires… Dans une optique voyage, où la sécurité prime sur la performance dynamique, ces Michelin remplissent très bien le cahier des charges en permettant au pilote de rallier un point A à un point B sans danger ni inquiétude.

En fin de journée j’ai tout même réussi à me faire plaisir sur une petite piste dans la montagne près de Davolja Varos, la ville du diable… Les pros du tout-terrain disent toujours « regardez loin, anticipez… » mais je crois que les pros ne roulent jamais dans le brouillard… Là on y voit pas à 20 mètres ! Pas facile de rouler sur un chemin sous la pluie et au beau milieu d’un nuage… J’aurai bien testé mes pneus dans des conditions boueuses, mais à chaque fois que j’ai mis du gaz au milieu d’une flaque j’ai manqué de me sortir… Faute de pouvoir anticiper les ornières et les pierres qui trainaient un peu partout… Mais tant pis, c’est quand même sympa et ça égaye une journée routière un peu morose… La navigation à l’aide de panneaux à la fiabilité douteuse amène aussi un peu de piment !

 

 

 

Les conditions météo ne font qu’empirer… Trempé comme une soupe je n’ai pas vraiment d’autre choix que de me chercher un hôtel à Kursumlija… Pour la troisième fois d’affilée ! Ce n’est pas vraiment l’optique du voyage, car je préfère de loin bivouaquer, mais avec ce temps pourri je n’ai pas trop le choix… Ma tente est étanche mais l’idée de m’enfermer dedans à 18h, avec mes affaires de motos mouillées, et de ne pas pouvoir en sortir jusqu’au lendemain ne m’enchante guère ! Ici une chambre ne coute rien, 15€, et au moins je peux suivre le cours d’une soirée normale.

Je pars presque au sec le lendemain avec seulement quelques gouttes la première heure… Presque un luxe par rapport à la veille ! Le froid prend le relai sur la pluie… je suis sur la route de Kopaonik, la plus grosse station de ski de Serbie, et la température frôle le 0°c au sommet ! Pour survivre je sors tout ce que j’ai sous la main: polaire, doublure étanche, k-way… Tout y passe ! Comme je grelotte et qu’il n’y a rien à voir (à cause du brouillard) je me réfugie dans une pizzéria pour vérifier, encore une fois, qu’on sait servir des plats copieux dans les Balkans !

 

 

 

 

Je profite du radoucissement des températures pour visiter Studenica, le plus grand monastère orthodoxe de Serbie (XIIème siècle). Je ne suis pas fan de lieux religieux mais l’endroit est très apaisant et permet de casser un peu le rythme de la journée… Il faut dire que je n’ai pas fait beaucoup de pauses depuis le début !

Comme les photos sont interdites à l’intérieur vous n’aurez que les façades… Désolé !

 

 

 

 

Puis je prends la route du parc national de Golija, ou du moins j’essaie car il y a très peu de panneaux et les seuls que je trouve sont en cyrillique ! Mais la beauté des lieux justifie complétement mon acharnement à chercher mon chemin… Me voila sur une piste sublime traversant des forêts profondes et typiques des Balkans… C’est calme, j’ai droit à des panoramas incroyable et une fois n’est pas coutume… Il fait beau !

Je trouve de nombreux coins de bivouac mais avec ce vent et cette altitude ça sent les températures négatives en court de nuit… Donc ce n’est pas un bon plan, il ne faut pas que je me fasse avoir par le côté pittoresque de cette belle montagne et que je redescende dans la vallée pour trouver mon bonheur !

 

 

 

 

La descente à flanc de falaise avec le soleil couchant est magique et je roule au ralenti pour profiter de chaque instant passé sur la piste… Une fois en bas je n’ai plus qu’à me trouver un petit carré d’herbe et je pourrai enfin planter ma tente après trois nuits passées à l’hôtel.

Je grimpe sur une petite colline et tombe sur le spot idéal: un pâturage plat avec quelques vaches et une vue à 180° sur la vallée… Le top ! Sur place il y a trois bergers et, par politesse, je vais les voir pour leur demander l’autorisation d’installer mon « campement »… Il s’ensuit une discussion des plus loufoques et improbables entre trois agriculteurs qui ne pigent rien à mes mimes… Et moi qui ne comprends rien au serbe ! J’ai le sentiment qu’ils ne comprennent pas l’idée de bivouaquer et ils cherchent systématiquement à me renvoyer sur la route pour trouver un hôtel en pensant que je suis perdu.

Alors que je m’apprête à partir, un peu décontenancé par cette conversation, l’un d’entre eux me fait signe de le suivre en criant « Mi selo ! Mi Selo ! ». J’ai comme l’impression qu’il veut m’inviter chez lui… Et après tout pourquoi pas ?! Si la situation n’était pas déjà assez surréaliste, me voila en train de suivre le berger sur sa mobylette Tomos hors-d’âge qui me demande de rabattre son troupeau avec ma grosse Ténéré ! Une fois les bovins retourné à l’enclos, je le suis à travers la colline en me régalant des nombreux sauts et autres trajectoires douteuses de sa mob’ d’un autre temps.

Une fois arrivé devant chez mon nouvel ami, je lui demande si je peux camper dans son jardin… Mais il refuse catégoriquement et insiste pour que je rentre chez lui. Il me fait visiter toute la maison et pousse une porte pour me montrer ce qui ressemble à une chambre d’ami… Et là c’est une mauvaise surprise… Je suis face à lui, et entre nous deux il y a un flingue posé sur le canapé ! Silence dans la maison, je le regarde droit dans les yeux… Le malaise est palpable… Si il va vers l’arme j’hésite entre partir en courant vers la moto ou frappé le premier… C’est l’instinct qui décidera je crois… Mais mon hôte comprend bien la situation, fait un pas en arrière et ouvre un placard… C’est rempli d’uniforme de police !

L’ascendeur émotionnel ultime, j’ai cru être rentré dans la maison d’un psychopathe alors qu’en fait je suis invité à passer la nuit chez des flics ! Nous rigolons de cette situation alors qu’il invite toute sa famille à venir pour le repas… Bienvenue chez les Kalicanin !

Il y a bientôt les enfants, l’oncle, les voisins… Et nous trinquons tous au destin qui m’a conduit jusque chez eux ! Vodka obligatoire pour tout le monde, y compris pour moi qui ne boit jamais d’alcool… Je suis brulé au troisième degré mais ravi de mon expérience !

Le père m’explique en rigolant qu’il avait bien compris que je voulais camper sur la colline, mais avec ce froid il était pour lui inconcevable de me laisser faire alors qu’il pouvait m’héberger ! J’ai droit à un cours magistrale sur l’hospitalité serbe, avec un véritable festin et une chambre tout confort mis à ma disposition !

La soirée ne peut pas être plus agréable et cordiale, je suis un peu l’attraction de la soirée et je me régale d’écouter leur histoires sur le beau pays qu’est la Serbie… On sent de la fierté dans le discours et la volonté que je reparte avec une image positive de chez eux.

Dehors il fait 5°c, je suis clairement mieux dans mon lit douillet et préparé avec attention par la maitresse de maison…

 

 

 

La vodka et la fatigue me font presque oublier de me lever ! J’émerge à 7h30, ce qui ne fait pas très sérieux chez des paysans habitués à se lever tôt. Toute la famille m’attend pour le petit déj, sa fille m’apporte un café mais le père refuse que je le boive… Avant il y a la tradition… Interdiction de boire son café sans avoir bu un verre de vodka avant ! De bon matin, pour moi qui ne boit jamais d’alcool et surtout pas à jeun, c’est une expérience terrible… Mais qui ouvre l’appétit ! A peine le verre ingurgité, je me rue sur les tartines pour atténuer la brulure !

Encore une fois ils m’ont préparé un repas de roi, beignets au fromage, jambon, charcuterie… Je quitte mes hôte le ventre plein mais avec regrets ! Je serai bien resté un peu plus longtemps auprès de cette famille mais je dois continuer ma route…

Aujourd’hui est ma dernière journée en Serbie, et mon errance « au hasard des chemins » me conduit dans un parc régional (dont j’ai oublié le nom) fort sympathique. La piste que j’emprunte est très agréable et traverse quelques villages agricoles typiques de Serbie. Comme j’y vois à plus de 20 mètres, qu’il n’y a ni brouillard ni pluie… Je peux envoyer un peu de rythme ! C’est l’occasion de voir que mon pneu arrière commence à accuser le coup sur les grosses accélérations. A l’approche des 6000 kms, sortir des flaques de boues avec les gaz ouvert en grand est quelque peu hasardeux ! A chaque essai je me suis fait secouer… Donc j’ai adopté une conduite plus coulée et adaptée au voyage… Si on respecte ça les pneus restent sécurisant et suffisamment performant, et c’est tout ce que je leur demande !

 

 

 

J’arrive au monastère de Milesevo, très joli mais étrangement désert comparé aux autres que j’ai pu visiter. Une pause « calme et douceur » appréciée dans une étape riche en kilomètres.

 

 

 

 

La route de Nova Varos à Kremna est un pur régal pour la moto, les virages s’enchainent à l’infini avec un goudron digne de nos meilleurs cols alpins ! Les paysages de montagnes sont aussi sublimes et, pour la première fois depuis bien longtemps, je croise des motards !

Je m’arrête à Zlatibor, une station de ski réputée, pour une pause pique-nique bien méritée. Le bon état de la route me fait progresser rapidement sur mon parcours, je suis très loin de la moyenne horaire horriblement lente que j’avais en Albanie !

Puis à Kremna je bifurque pour le parc national de Tara… Et j’en prends plein les yeux ! Surement ce que j’ai vu de plus beau en Serbie, un écrin de nature préservé au milieu des montagnes… De profondes forêts qui bordent des lacs majestueux et des forêts enchanteresses… On se croirait dans un conte de fée, c’est presque irréel… Au bout de cette route viroleuse on trouve Zaovine et son lac, point d’orgue de l’itinéraire…

 

 

 

J’emprunte une piste forestière pour me trouver un joli coin de bivouac. Le camping sauvage est certainement interdit ici alors j’essaie de rester discret ! Bien caché derrière les arbres, je monte le camp avec l’idée qu’il doit y avoir pas mal d’ours dans les environs… Je prendrai donc un maximum de précautions concernant la nourriture, les pansements…

Je passe une merveilleuse soirée, caché dans la forêt à contempler les étoiles… J’ai l’impression de ne pas avoir campé depuis une éternité et ce sont bien les plus belles nuits d’un voyage… A peine quelques kilomètres me séparent de la Bosnie, la prochaine étape de mon voyage, mais pour l’instant je profite à fond de cette belle Serbie…

 

 

 

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